- Je sais… Je sais. Je suis un mauvais père. Vas y continue. - Fais pas celui qui ne comprend pas. S’il te plaît. Ta fille a besoin de toi. J’ai besoin de toi. Cela fait 48 heures que tu es parti pour je ne sais quoi. Tu crois que tes amis ou ton commissaire t’aideront si jamais tu tombes ? Si jamais tu te fais prendre tu crois que l’un d’entre eux lèvera le petit doigt ? Tu sais bien que non. C’est moche. Le monde est moche. Les gens ne font que se tirer dans les pattes. Et plus tu montes plus c’est vrai. Dis moi K, tu as vraiment besoin de le confirmer ? Tu ne le sais pas déjà ? Je t’en prie, rentres. Ta fille a besoin de son père. J’ai besoin de mon époux. Karim but une gorgée de café. Le temps s’étirait à mesure que la gorgée faisait son chemin jusqu’à son estomac. Son silence se faisait lourd. Lourd de sens. - Si je ne trouve pas la vérité, quel homme serais je ? Qu’est ce que je lui dirais quand elle sera en âge de comprendre ? Dis moi Aïsha quel père serais je si je ne me battais pour qu’elle vive dans un monde plus juste ? - Parce que tu crois que tu peux changer le monde ? A toi ? A toi seul et tes amis ? Ce qui ne change pas, c’est qu’un bébé a besoin de son père. Plus que tout. Plus que la vérité. Alors qu’il s’apprêtait à rétorquer à Aïsha qu’il ne lui manquerait pas longtemps, Jacques Tournier ressortait, pour le deuxième fois en 48 heures des locaux du boulevard Voltaire. Alors Karim raccrocha. Jamais il ne pourrait se le pardonner. Bien sûr sa fille avait besoin de lui. Bien sûr elle était avec sa mère. Mais au-delà de leur fille, Karim avait compris que sa femme avait besoin de lui. Et que les aventures, il allait falloir laisser tomber. Pour ne pas passer à côté de sa fille. De son lien au monde. De son attachement à ce qui allait définir son lien au monde. Oui. Jamais il ne se le pardonnerait si jamais il ne rentrait pas. - Monsieur le Président ! Tournier leva les yeux et fixa Karim comme s’il était un alien. - Excusez moi, Monsieur Tournier, Rachid Arab, journaliste aux Echos, enfin pigiste. Je fais un papier sur les répercussions de l’affaire Saurier. Auriez vous deux minutes ? - Pas plus. Qu’est ce que vous voulez savoir ? Je me suis déjà exprimé sur ce fait divers. - Fait divers ? - Comment qualifiez vous la boue et les on-dits d’une situation qui est encore en phase d’instruction ? - Une opportunité. Une opportunité pour vous. C’est à vous que profite le crime. Connaissez vous Jean Favreau ? Le visage de Jacques Tournier vira au blanc crayeux à l’évocation du nom de Jean. Pile dans le mille. Pile là ou cela fait mal. Pile là ou s’attirer des ennuis plus gros que lui. Putain. Excuse moi Jasmine. Ma fille. - Je n’ai rien à ajouter, sinon que ma nomination à la présidence de la cour des comptes repose sur mon parcours et mes convictions. Le commissaire Favreau était un ami. Je ne le nierai jamais. Mais il a choisi la mauvaise voie. - Pour quoi ? La mauvaise voie pour quoi ? - Pour lutter contre les forces qui veulent déstabiliser nos institutions. - C’est à dire ?
La Foi fait la Force - 12
L’ANTIDOTE
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