Noé et Hakim regardaient Jean Favreau avec circonspection. L’un parce qu’il venait de lui expliquer ce que cachait la Foi fait la Force. L’autre par la requête qu’il lui avait formulée. Retrouver Charles de Clermont Tonnerre. Descendant direct de Louis XVI. Mort selon le registre des naissances de la République. Perdu dans les méandres de l’administration hospitalière sans trace d’une quelconque sépulture. Pas d’avis de décès. Pas d’avis de naissance. Pas de parents. Rien. Ou pour être factuel, rien de tracé. - Bon sang commissaire, qu’est ce que cela veut dire ? - Que Charles est une cible. Et que ceux qui l’ont conçus et élevé le savaient avant sa naissance. - Mais, enfin, pourquoi tout ce scénario ? Que craignent les adeptes de la Foi la Force ? - Ce n’est pas ce qu’ils craignent qui faut se demander, Noé. Mais ce qu’ils espèrent. Il va falloir vous rendre à l’Église. Il va falloir vous rendre à l’Église du Sacré Cœur. Le gamin est maintenant à l’âge des premiers rites catholiques suivant le baptême. - Et je fais quoi ? Je l’arrêtes pour tentative de sédition ? - Non. Ne vous faites pas plus bêtes que vous ne l’êtes. Vous trouvez le lien. - Le lien ? Quel lien ? - Celui qui nous ramène à Blue Shepard, Gala Picard et les forces de l’ordre du grand Poitiers. - Je n’arrive même pas à imaginer un lien entre ces entités. Aidez moi commissaire. Et dites moi en quoi un mioche sans existence pourrait être un danger pour la République. - Ce n’est pas lui le danger, Noé. Ce sont tous les autres. - Tous les autres !?! Jean Favreau se leva d’un des canapés du sous sol de Hakim et se mit à tirer sur sa vapot’ avec plus d’intensité. Les nuages de vapeur étaient denses. Aussi denses que son visage état crispé. Aux deux extrémités de la pièce, Hakim et Noé regardaient, comme hypnotisé le petit bonhomme. En s’attendant à le voir leur révéler le secret de l’existence. Ce ne fut pas le cas. Mais ce fut assez déstabilisant pour que tous les deux arrêtent toute activité. - Charles de Clermont Tonnerre n’est autre que le fils du Roi. Et c’est notre Président. Et la Foi fait la Force souhaite que cela reste. Reste après son mandat. - Qui est le Roi alors ? - C’est Charles. Charles d’Orléans. - Mais enfin, commissaire ! Notre Président ne montre aucune velléité de s’accrocher au pouvoir ! Je ne dis pas que j’ai voté pour lui mais je respecte l’avis de mes concitoyens. Enfin… Ça n’a pas de sens ! - Parce que vous croyez que Sainte Solinnes, Notre Dame et les gilets verts ont un sens autre que la déstabilisation de l’ordre établi ? - Ce sont les techniciens du chaos ! - Et pourquoi ne pas y répondre ? Pourquoi la République ne s’est elle pas protégée, Noé ? - Pour créer un climat d’anarchie. - Et qui mieux qu’un roi peut rétablir l’Ordre ? Noé repensa au type de Blue Shepard. Il lui avait laissé une carte de visite. Joseph de Bankolé. Directeur de Blue Shepard France. Et quand il porta la carte au clair obscur, il revit ce qu’il avait deviné. Une fleur de Lys. Et Trois F aligné à son firmament. Bordel. - Ok, ok, commissaire, admettons que je sois l’instrument d’un roi qui ne dit pas son nom soutenu par ce qui ressemble à une secte d’illuminati, pourquoi je devrais m’inquiéter ? Après tout je préfère me savoir en sécurité que de m’inquiéter tous les jours qui restent pour mes filles. - Parce que vous seriez privé de ce que vous ne vous rendez plus compte. L’ultime privilège. - Lequel Commissaire ? - La liberté, Noé. La liberté qui vous ai laissé de faire vos erreurs. La liberté d’en tirer quelque chose. Et de faire de votre vie ce que vous voulez. Peu de gens s’en emparent. Parce qu’ils préfèrent reporter leurs échec sur autrui. Mais c’est bien de cela que la Révolution de 1789 nous a doté. Notre droit à décider de notre Destin.
La Foi fait la Force - 14
L’ANTIDOTE
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