- Vous êtes solide monsieur Peyroux. Sacrément solide. L’ablation des plaques est un succès. Vous êtes comme neuf. Prenez soin de vous. - Merci Docteur. - A quelle heure pouvez vous sortir M. Peyroux ? - Tout de suite. - Besoin d’un transport ? - On m’attends déjà. - Parfait. N’oubliez pas de passer au bureau infirmier pour la paperasse. - Merci. Le chirurgien avait bien beau lui dire qu’il était solide, il dégustait. Rien que d’aller aux chiottes à moins de 5 mètres et ses lombaires se rappelaient à son bon souvenir. Tiens. Il avait oublié de lui demander s’il devait faire du kiné. Il demanderait aux infirmières. Après s’être péniblement habillé, il avait appelé Rose qui arriverait dans une demi heure. Il lui avait fixé rendez vous sur le parvis des urgences car il espérait croiser Karim. Et comptait bien, puisqu’il était « sacrément solide » refouler un terrain avant la nuit. - Voilà vos papiers M. Peyroux ; Il y a l’ordonnance pour vos antalgiques, l’antibiotique en prophylaxie, surtout prenez le bien jusqu’au bout et si jamais vous avez de la température consultez, d’accord ? - Oui. Je peux vous poser une question ? - Oui bien sûr. - Je peux reprendre le sport ? - Bien sûr. C’est même conseillé. Commencez quand même par la piscine et le vélo d’abord. Et allez y progressivement. - Très bien merci pour tout. - Je vous en prie. Bonne continuation M. Peyroux. Prenez soin de vous. - Merci. Stéphane mit un peu de temps à rejoindre les ascenseurs puis à trouver le fonctionnement de la console d’appel mais finit par déboucher sur le couloir en verre, la passerelle, pour rejoindre les urgences adultes. Ce trajet lui fit du bien. A croire que le chirurgien avait raison. Il était solide. Arrivé dans le hall des urgences, il n’avait plus aucune douleur ni gène. Il se mit en quête de Karim. Il ne savait même pas s’il était de service. Il se pointa devant l’infirmière de garde qui semblait au bout du rouleau en lui adressant un triste bonjour. - Oui, bonjour, voila je cherche Karim Jaïsh, un aide soignant du service, je suis un ami. - Karim est au déchoquage. - Vous savez pour combien de temps il va en avoir ? - Ça dépend du patient qu’il essaie de réanimer. Vous pouvez vous asseoir pour l’attendre si vous voulez. La vache. Stéphane ne sut pas sur le coup ce qui lui glaçait le plus le sang. Le fait que Karim et ses collègues avaient la vie d’une personne entre les mains ou le ton totalement apathique de l’infirmière. Il se retira sans qu’elle ne cille et alla s’asseoir près du comptoir à côté d’une jeune fille avec une patate à la place de la cheville. Sa mère, à côté d’elle, semblait prendre l’attente avec philosophie. Un regard autour de lui et il constata que ce n’était pas le rush. Le matin, les patients violents et /ou alcoolisés n’étaient pas encore arrivés ou déjà pris en charge. - Alors comment ça s’est passé Stef ? - Bien, je suis sortant. J’attends Rose. - Caroline m’a dit que tu voulais me voir. - Oui. Rendez vous ce soir au Jardin. - Top. OK.
Le gardien - 01
L’ANTIDOTE
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