L’ANTIDOTE
Mission Mars
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Depuis 2017
ALC Prods
La porte se ferma sur les 24 astronautes sans aucun au revoir. Ils étaient maintenant livrés à eux-même. Ibrahim tenait toujours le courrier qui lui avait servi de graal. Celui qui lui disait qu’il était sélectionné. Sélectionné par l’ESA pour participer à l’expérience Alpha de l’Agence. Un voyage sur Mars. Toutes conditions réunies. Il s’était longtemps demandé comment sa candidature avait été retenue. Même Stéphane et Noé n’avait trop su lui dire. Ils s’étaient montrés vaseux. Sa gentillesse. Son adaptabilité. Ou encore son sens de l’humain. Peut-être n’avaient ils pas tort. Mais, maintenant que la porte de la caserne du Pont Achard était fermée, et qu’il voyait tous ces coéquipiers, il remarqua d’abord qu’il était le seul noir. Ensuite, quand il s’était mis en tête de repérer ce qui devait avoir l’aspect du vaisseau qu’ils devraient manœuvrer jusque sur Mars, il se dit qu’il était un cran au dessous. Tous étaient ingénieurs, psychologues cliniciens, pilotes de chasse. Aucun n’était vendeur de pain. Ce fut d’ailleurs Jean, le pilote qui lui posa de but en blanc la question. Tout le monde était réuni dans le poste de pilotage et chacun avait pu exprimé ce qui le plaçait dans cet environnement sauf lui. - Alors c’est quoi ton nom , toi ? - Je m’appelle Ibrahim. Ibrahim Ouedraougo. - Et ils t’ont dit pourquoi t’étais là ? - Non. Je sais juste que j’ai été retenu. - T’as un métier ? - Je vends du pain. Tous rirent de bon coeur. Un rire moqueur. Désagréable. Qui mina Ibrahim. Encore plus que ce qu’ils ajoutèrent. - Alors toi, tu vas t’occuper des corvées. Parfait. Et une nouvelle salve de rires moqueurs. Ibrahim se dit alors qu’il ne tiendrait pas. Qu’il ne tiendrait pas face à toutes ces têtes qui n’avaient même pas la présence d’esprit de voir au-delà des apparences. Toujours est il que la première semaine se passa comme le pilote de chasse, Jean, l’avait décidé. De fait, il avait pris la place de leader et tout le monde l’acceptait. Bien que certains regards par dessous laissaient poindre des tensions à venir, tout le monde acceptait son rôle. La plus sympa avec Ibrahim avait été la biologiste. Le troisième jour elle était même venue vers lui. Pour lui poser des questions. Sur le pain. - Dis-moi Ibrahim, qu’est ce qu’il nous faut pour faire du pain ? - De la farine. - De la farine de blé ? - Par forcément. Chez moi on le faisait avec du manioc. - De l’orge ? Mais d’ou viens tu ? - J’ai commencé ma vie en Afrique. - Oh. Tu est un réfugié alors. - Juste une citoyen du monde. Et de l’espace maintenant. Elle avait passé un bras autour de lui pour rire. Un signe d’empathie. Peut- être même de sympathie. Et puis l’alarme générale avait raisonnée. Signal d’urgence absolue. Une brèche dans l’habitat. Un test des dirigeants qui les surveillaient à chaque coin de pièce. Tout le monde s’était rué vers la salle de contrôle. Sauf Ibrahim. Il était allé aux toilettes et avait constaté que le système refoulait. Il avait pris la ventouse et libéré le système d’évacuation. Quand l’alarme s’était arrêté tout le monde était fixé sur les instruments de contrôle de la station. Ibrahim leur avait ri au nez. - Quand on fait la commission, il est indiqué de rajouter le chlorure sous peine de boucher les toilettes. Merci de tous y penser.
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