Le journée touchait à sa fin. Les rares clients qui franchissaient le seuil venaient chercher leur dose pour la nuit. Stéphane les regardait en se demandant comment on pouvait choisir l’alcool plutôt que la réalité. L’un vous entraînait dans les limbes un peu plus. L’autre vous ouvrait le champ des possibilités. Ouais. A croire qu’il y avait beaucoup de gens qui n’ avaient plus aucune possibilité atteignable. D’où les bouteilles de whisky, de vodka ou de rhum qui partaient comme des petits pains à cette heure ci. Ibrahim de son côté avait complètement changé. Avant il aurait échangé deux trois mots et tiré un sourire de ses âmes perdues. Là, il se contentait d’encaisser et de rendre la monnaie. Le gamin était devenu aussi dur que la pierre. Puis le rideau tomba. Quelques coups résonnèrent puis se fut le calme absolu et le temps de récolter le travail de la journée. Stéphane était d’abord allé mettre en marche son système de surveillance. Le temps de 5 minutes pas plus. Quand il revint dans le bouclard, Ibrahim lui donnait l’impression de la page de vente du jour et les billets triés. Bordel. Le gamin semblait comme vouloir fuir. - Qu’est ce que tu voulais me dire quand tu as qu’on était en danger à cause des produits bio ? - Rien laissez tomber patron. Je peux partir ? - Non. Je veux que tu m’expliques. Ibrahim se leva et balaya des mains tout le bouclard avant de prendre la parole. Des tics déformaient son visage. Il était à cran. Et il craignait quelque chose. Quelque chose d’inévitable. - Putain, c’est quoi ton problème p’tit ? - Mon problème ? - Oui. Tu ressembles à toutes ces racailles que j’ai écarté à ta place. Pourquoi ? - Il s’est passé quelque chose là bas. - Quoi ? - Je sais pas exactement. - C’est-à-dire ? - On était tous sur la même ligne et puis tout a changé. Des groupes, des clans plus exactement se sont formés. - Et tu faisais partie de quel clan ? - D’aucun. J’ai toujours voulu lier les uns avec les autres et je me retrouve avec mon emploi directement attaqué. - Directement attaqué ? Ibrahim leva un doigt pour faire taire Stéphane et alla prendre une boite de petits pois sur le rayon de présentation. Il regarda la boite, Stéphane restant dans l’attente tout en le voyant faire tourner la boite jusqu’au tableau des valeurs nutritives. - Voilà. Voilà pourquoi je me sens menacé. Regardez. Stéphane prit la boite que lui tendait Ibrahim et ne remarqua rien de premier abord à part le nutriscore A. - Bah un nutriscore à A ça ne se refuse pas, non ? - Regardez mieux. Lisez les petites lignes, patron. Stéphane dut prendre ses lunettes et alors il comprit ce que son employé redoutait. Des lipides. Peu de glucides. Quelques protéines. Aucun fibres. Pour des petits pois c’était peu dire que ce n’était pas adapté.
Mission Mars - 11
L’ANTIDOTE
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