L'agence des Couronneries du Crédit Populaire de Nouvelle Aquitaine était en fonctionnement dégradé. Au plus grand désespoir de Noé, Ziad avait des symptomes du COVID et Jérôme était en RTT. Seuls restaient à bord l'indéboulonnable Caroline et lui. Et le boulot qui s'entassait au fur et à mesure sur son bureau à mesure que la journée avançait. Il était déjà 11 heures et il n'avait toujours pas lancé son ordinateur. Journée de merde. Il se leva pour inviter son interlocuteur, un petit épargnant des hautes tours, à se lever et, une fois le pauvre bougre parti, il prit son téléphone et appela Caroline. • Monsieur • Oui. Je ne veux plus être dérangé jusqu'à 16 heures • Il vous reste un rendez vous , monsieur. • Pour qui ? • C'est pour vous, le seul de la journée que vous avez accepté la semaine dernière. • … • Dois je leur dire que vous êtes en réunion ? • Non, merci Caroline. Donnez moi 10 minutes. • Très bien Monsieur. Il raccrocha le téléphone, se maudit d'avoir accepté le RTT de Jérôme, hésita à prendre des nouvelles de Ziad mais se ravisa pour allumer sa bécane. Il était grand temps. Le temps que l'ordinateur se mette à jour, il prit le temps de s'étirer et pensa au Jardin des Plantes. Il avait une envie folle de se barrer pour aller tâter du ballon. Oui. Fuir pour mieux vivre. L'espace d'un instant. Seulement, en regardant par sa fenêtre la pluie tomber, il revint vite sur terre. Journée de merde. Dans tous les sens du terme. Il allait ouvrir sa boite mail lorsqu'on frappa à sa porte. C'est fou ce que le temps passe vite lorsque l'on n'en dispose pas. • Je vous en prie, entrez, asseyez vous. En voyant les deux femmes, simplement vêtues baisser le regard et s'installer en silence sur les deux chaises face à lui en serrant leur dossier entre les mains, tout lui revint. L'association caritative. ATT Quart monde. Les pauvres. Les démunis. Une association loi 1901. • Excusez moi pour le retard mesdames. Alors, avez réussi à rassembler tous les documents ? • Oui, Monsieur. Sauf un. • Ah. Lequel ? • Celui de la Préfecture. Elle est fermée et ils n'ont pas voulu nous l'envoyer. • Vous n'avez pas essayé en ligne ? • En ligne ? • Sur internet Les deux femmes se regardèrent puis regardèrent Noé puis se regardèrent à nouveau. Leur malaise était presque palpable. Noé comprit tout de suite. • Ce n'est pas grave, nous allons le faire ensemble si vous avez le temps.