Tout s’était joué avant pour Caroline. Avant de trouver refuge dans l’appartement 218. De là, elle avait commencé à se reconstruire avec les bénévoles d’ATT Quart Monde. Ces dernières lui avaient expliqué qu’elles l’avaient trouvé un soir salement amoché et complètement mutique au milieu de l’avenue Hoche. Des insultes pleuvaient à son encontre. Facile de comprendre de qui elle était la cible et qui l’avait mis dans cet état. C’est là que Romain les avaient fait taire et avait réussi à l’amener à l’appartement 218. Personne ne l’avait interrogé. Chacun avait pris le temps de lui laisser...le temps. Elle avait pratiquement dormi 48 heures. En émergeant, Nourredine l’avait accompagné à l’hôpital parce qu’elle se tordait de douleur à chaque mouvement. Elle n’était qu’un ecchymose mais Nourredine craignait des fractures ou bien pire. C’est là que Karim avait croisé son chemin. Quand elle était revenu, elle s’était ouverte sur l’homme qui l’avait ainsi battue. Pour leur demander l’hospitalité. Et savoir si Nourredine pouvait venir avec elle récupérer le peu d’affaire qu’elle avait. Nourredine n’avait pas pu. Et quand les filles étaient revenues de leur tournée de collecte, elle avait disparue. Et n’était jamais reparue. L’annonce de sa mort par Karim ne les avaient pas bouleversées. C’était bien trop courant pour les surprendre. Karim les avaient remercié et donné l’adresse de Nourredine. Peut-être savait il où trouver le bourreau de Caroline. Nourredine habitait non loin du magasin de Stef. Juste de l’autre côté de la mairie, avenue de la Fraternité. Il sonna au 18 appartement 24 et attendit. La gâche résonna sans qu’une parole lui soit prononcée. Au 1er étage, il vit une porte entre ouverte. La 18. Il toqua. - Entrez ! - Bonjour. - Avancez je ne mords pas. L’odeur de beuh émanait de l’appartement. Une odeur si puissante qu’il était facile de comprendre que l’habitant en consommait régulièrement. Quand il se trouva dans la pièce de vie, il remarqua la pancarte à louer sur le balcon. Et quand il tourna la tête vers Nourredine il reconnut immédiatement la tête de celui qui était avec Caroline à l’hôpital. Il lui sourit mais Nourredine, lui, sembla se décomposer. Il se dépêcha d’écraser la beuh et de ranger les sacs de beuh qu’il était en train de confectionner. Malheureusement il ne pouvait plus les cacher. La relation risquait d’être tendue. - Vous êtes Nourredine ? - Qui vous a donné cette adresse ? - Caroline. - Caroline est morte. Qui ? - Comment vous le savez ? L’homme comprit qu’il était grillé. La beuh dans son sang avait sans doute inhibée sa méfiance. Il se leva. Et tout partit en sucette.