Karim avait mal partout. La douleur était si intense qu’il n’arrivait pas à penser à autre chose. Il réussit quand même à ouvrir les yeux. C’était la nuit. Pas un bruit si ce n’est la fête de Romain et ses potes. Hin. Une belle bande d’enculés. Karim ne pouvait imaginer que la mort de Caroline, son admonestation et le soudain calme de Saint Eloi n’était pas lié. Il réussit à se mettre debout et tâtonna pour trouver la lumière. Il l’éteignit presque aussitôt. 3 types dormaient avec lui dans la pièce de l’appartement 218. Il chercha alors à tâtons la salle de bains et découvrit les dégâts sur son visage. Tuméfié des pommettes aux lèvres. Vraiment une sale gueule. Il se passa un peu d’eau sur le visage. C’était comme du sel sur ses plaies. Puis il se mit en tête de trouver la cause de son état. La dope. Nourredine puait tellement la beuh qu’il se demandait ce qui faisait qu’il ne sentait plus rien. Il avait lui péter le nez. Et ces types ? Qui étaient ils ? Des migrants ? Des sans papiers ? Des sbires ? Il se rapprocha de la porte. Elle était ouverte. Il sortit sans bruit, un paquet de beuh pris en photo comme son visage dans le miroir de la salle de bain. Mais bordel où était Nourredine ? Il descendit les deux étages de l’immeuble et n’eut pas de mal à le repérer. Il avait toujours un joint à la bouche et le remarqua avant même que Karim ne pousse la porte du sas de l’immeuble. Les choses allaient tourner vilain. Vraiment vilain. Parce que Nourredine n’était pas seul. Et que la sono de Romain faisait un bruit d’enfer. Autant dire que personne ne l’entendrait crier. - Qu’ess tu fais salope ? - Je rentre chez moi. - T’as pas bien compris alors ? - Vous avez tué Caroline parce qu’elle ne cautionnait pas votre trafic c’est ça ? - Dis donc t’es un malin toi. - Et vous allez m’exécuter moi aussi. Les trois types partirent dans un fou rire de dément avant de sortir leurs crans d’arrêt et de commencer à l’encercler. Karim se donnait à peine une chance sur dix d’en sortir vivant. Par instinct de survie il regarda tout autour de lui. Derrière lui l’immeuble lui interdisait toute fuite en arrière. Devant lui les trois angles qui lui restait étaient pris par des types qui se rapprochaient. De fait il ne lui restait qu’une option. A 1 sur 10. Il se rua sur Nourredine qui tomba sans même réagir. Putain de junkie. C’était sa chance. Avant que les deux autres types réagissent, il étaient sur l’avenue et les phares des voitures lui semblèrent une bénédiction. Il se posta au milieu de la voie en faisant des grands signes. Derrière lui les pas patauds de ses agresseurs se faisaient plus présent. Finalement il dut taper sur le capot d’une vieille clio pour avoir une chance. Au pris de son tibia gauche. - Bordel, qu’est ce qui vous prends mon vieux ? - Je suis poursuivi par des types qui veulent me faire la peau. Vous pouvez m’aider ? Le type le regarda puis vit les deux molosses de Nourredine arriver en courant suivi de près par Nourredine. Le type reporta son regard sur Karim, le visage tuméfié puis une nouvelle fois sur ses poursuivants à moins de dix mètres à présent. Le temps semblait s’être étiré pour Karim. Comme si le type se demandait ce qu’il devait faire. D’ailleurs il se demandait ce qu’il devait faire. - S’il vous plait. - Allez montez. Karim ne se fit pas prier et les types ne purent que balancer deux ou trois coups de pieds contre la carrosserie de la vieille voiture. Karim était sauvé. Le silence s’installa jusqu’à ce qu’ils sortent du quartier. La musique se fit plus lointaine et dans le rétro il ne voyait plus Nourredine et ses sbires. - Je vais vous emmener à l’hôpital, monsieur. - Non emmenez moi au commissariat. - Des Couronneries ? - Non, le commissariat central.
Un nouveau Saint Eloi - 24
L’ANTIDOTE
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