Stéphane l’avait échappé belle. C’est ce que lui avait dit le chirurgien qui l’avait opéré. A exactement 5 mm près et il finissait paraplégique. Heureusement la balle n’avait que traverse ses intestins. Enfin, heureusement, il avait vécu pendant 2 mois avec une poche qu’il devait vider régulièrement au fur et à mesure que sa propre merde s’y accumulait. Éprouvant. Et puis finalement tout avait cicatrisé. Et il était de retour au boulot depuis 3 semaines. Des fois il avait l’impression que ses jambes allaient le lâcher d’un seul coup. Stress post traumatique lui avait dit le chirurgien. Il ne craignait rien de ce côté. Il devait par contre faire attention à son régime alimentaire pendant quelques temps. Pour éviter d’irriter ses intestins le temps que les sutures soient définitivement solidifiées. Il mangeait donc plus de salades et poissons. Pas son régal mais bon, le rendez vous avec le chirurgien était dans un mois alors il ne lui restait plus longtemps avant de pouvoir manger une entrecôte. Et rejouer au basket. En attendant il regardait le solde du compte du bouclard. Avec le nouveau livret de Noé (oui, il avait finalement accepté de le financer), il avait pu lever des fonds pour...de la salade. Les jardins de Bonnes l’avaient d’abord regardé de travers puis il leur avait expliqué et aussi fait le VRP pour Noé. Si bien qu’eux aussi s’étaient rapprochés du Crédit Populaire pour bénéficier des avantages du LDL fraîchement commercialisé. D’ailleurs dans un premier temps ils fourniraient les produits standards mais sous peu, s’ils décrochaient des financements ils lui avait promis des produits locaux anciens. C’était la mode. Pourquoi ne pas en profiter ? Avec le ménage fait par le commissaire Langlet, le quartier ne mouftait plus et les achats de produits frais avaient attiré beaucoup d’habitants qui sortaient de chez eux pour se balader dans le quartier comme maintenant. Au fond c’était une bonne chose. La terreur avait changé de camp. Pour l’instant évidemment. Mais les récents événements lui avait appris à profiter de l’instant présent. Ce qui l’inquiétait plus c’était qu’Ibrahim n’était toujours pas là. Ca ne lui ressemblait pas. Il prit le téléphone et commença à composer son numéro lorsqu’ il l’entendit arriver. - Ca va mon grand ? - Oui, oui. Excusez moi pour le retard. J’ai voulu prendre le bus d’après et..voila. Excusez moi. - T’inquiètes. Bon on va avoir du boulot aujourd’hui. Il faut qu’on réorganise le bouclard pour les légumes. - C’est fait alors ? - Oui. - Trop top ! Je vais commencer à chercher le pain et je m’y met. Comment ne pas être satisfait avec un type comme Ibrahim. Toujours positif. Toujours proactif. C’est à se demander s’il ne méritait pas mieux… L’écran d’ordinateur était toujours ouvert sur les comptes. Il avait les sous. Il pouvait l’augmenter de 20 % net. Il allait l’augmenter de 20 % net. Rose comprendrait. - Rose ? - Oui l’arabe du coin. - Je te dérange ? - Toujours mais vas y. - Je vais augmenter Ibrahim. De 20 % net. - Ça y est Monsieur gagne trois kopeck et c’est la fête. - Tu sais qu’il le mérite. - 5 % - 15 % - 10 - Vendu. Mais tu détournes pas les fonds du LDL sinon ça va pas aller. - Pas de problème. Ibrahim était déjà revenu avec le pain et commençait à déplacer le frigo des boissons. Stéphane le rejoint pour l’aider. - Quand on aura un moment faudra que je te parle mon grand. - Oui, moi aussi je dois vous parler. - De quoi ? - Je vais arrêter à la fin du mois. Je suis désolé. - Pourquoi ? C’est ton salaire ? Parce que… - Non, je reprends des études. - Oh.
Robin des banques - 3
L’ANTIDOTE
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