Stéphaneétaitdanslapanicroom.Ilyétaitvenurangerlesgrossescoupurespourles emmeneràlaBanquedemain.Etpuis,ilavaitcommencéàregarderlescaméras.Etplus particulièrementcelledelacaisse.Etàchaquefoisquedel’argentcirculaitd’unemain àl’autre,peuimportelemoyen,quandletransactionétaitfinie,Ericselevaitet devaitdireunmotaimablecarlesclientspartaientaveclesourire.Alorsbiensûril n’étaitpasaussiàl’aiseaveclesproduitsetsemblaientavoirmoinslafibre commercialequeIbrahim,puisquelessaladesnepartaientpasaussivitequeStéphane l’avait prévu. Mais le savoir être était là. Indéniablement.Rassurant.Il décida de prendre quelques salades pour compléter le panier et sortit de la panic room.- On dirait que nos salades n’ont pas trop de succès. Tu connais leur histoire ?-Vossaladesontunehistoire ?J’aidéjàl’impressionquetoutcemagasinaune histoire. Le pain a une histoire. Le DAB a une histoire. Même l’alcool a une histoire.-Tiens,c’estvrai.Etbienlaissemoiteparlerdenoslégumes.Ilssontproduitsparun Jardin…- Le Jardin de Bonnes.- Oui. Et tu sais comment ils les font pousser ?- Non. Avec des engrais ?-Ah !Sacrilège !Ilsrécoltentlefumiertouslesansetlabourentleurchampscomme avantpuislaisselaterresereposeravantdeplanteretproduiredeslégumespoussant sous nos latitudes depuis toujours.- Ca va veut dire que pendant l’hiver on aura rien de leur part.- Exact.- Ce qui veut dire qu’il faut les vendre maintenant.- T’as tout compris.StéphanelaissaEricpensifetleregardad’unœilpendantqu’ilcomplétaitlepanierà salades.Alevoirilréfléchissaitàquelquechose.Puisunsouriresedessinasurson visage.- Qu’est ce qui te fais sourire ?- Je crois que j’ai trouvé un moyen de vendre plus de légumes.- Je t’écoute.- L’opération mangez mieux !- Tu m’inquiètes.-Attendez,pourtouteslesconserves,onpourraitpermuter,disonsuneconservecontre3 légumes au prix de deux. Notre marge est supérieur sur le frais, n’est ce pas ?- Oui.-Etcommeçaonlimitelesinvendussurlesproduitslesplusfragiles.Vousenpensez quoi ?- J’en penses que j’ai bien fait de t’embaucher.Ilselevaets’empressad’allerécriresonidéesurlavitrineavantderéajusterles légumespourquel’onnepuissepaslesrateraveclamêmephraseaguicheusequ’ilavait écritsurlavitrine.Stéphaneleregardafairepuisalladanslapanicromencoreune fois.SurlescamérasEriccontinuaitlamiseenplacedesonopérationcommesiderien était.Une fois que Stéphane eut fini d’imprimer son CDI, il l’appela.- Y’a un soucis ?- Assieds toi.- Qu’est ce qui se passe ? J’ai raté quelque chose ?- Tiens.- Mais la période d’es...et le salaire ?- Ça ne te vas pas ?- Disons que…Des larmes commencèrent à couler sur ses joues comme il signait les exemplaires.Déconcertant.-Hé !Jefaisçaparcequetufaisdusuperboulotetquetut’investis.Dismoiquece sont des larmes de joies.-Cesontdeslarmesderevanche.AvantjetravaillaispourleCarrefourMarketdela Libération.Etilsonttouchésdessousjesaispascommentetm’ontvirépourcréerune épiceriecommeenChine.Sanspersonnel.Alorsexcusezmoi,jesuispeutêtreunpeuà fleur de peau mais pour moi c’est plus qu’une récompense.