- Y’a pire Noé. - Comment ça pire ? Qu’est ce qui pourrait être pire ? - L’utilisation des fonds, Noé. L’utilisation des fonds. - Qu’est ce que tu veux dire ? - Comment va Ibrahim ? - Bien il a une chambre de bonne à Paris, et le réseau de mon vieux. Mais restons sur ce que tu dis. Qu’est ce que tu veux dire par l’utilisation des fonds ? - Je veux veux dire qu’il y a de grosses boites qui ont des petits commerces, c’est la mode même. Et que ces grosses machines sont sans vergogne quant à la manière d’utiliser ces fonds. - Toi, t’as un exemple. - Le Carrefour Market de l’avenu de la Libé. - Oui ? - Ils ont viré le gars que j’ai employé pour créer une supérette chinoise. - Chinoises ? Ils vendent que du gingembre et du Pangolin?!? - Regardes Noé passa du côté de Stéphane dans son bouclard et regarda la vidéo d’une story instagram où l’on voyait le Carrefour Market sans aucun être humain et uniquement contrôlé par une carte bancaire. Et il y avait du monde . Beaucoup de monde. - Putain. - Qu’est ce que tu comptes faire ? - J’ai déjà bloqué l’attribution de LDL sur mon agence. Je dois le faire sur toute la France. Le temps de trouver une solution. - Et comment tu vas t’y prendre ? Ces commerces sont éligibles au LDL. Tu t’attends à quoi ? - Je sais pas. Une prise de conscience ? - T’es con. - La secrétaire d’État me surveille comme le lait sur le feu. Je le sens. - Tu le sens. Ce sont des requins. Et Carrefour, Auchan et compagnie elle déjeune avec leurs grands patrons tous les midis. Non mais tu t’attends à quoi ? Noé déploya sa grande carcasse et se détendit les cervicales. Stéphane savait déjà qu’il avait quelque chose en tête. Et qu’il ne lui dirait pas. Pas tout de suite. - Bon, comme tu le vois, j’ai des problèmes à régler. Et toi sinon ? La santé ? - Ça va. Ça va bien. Je peux refaire du vélo. Le chir est satisfait. - Cool. Ne forces pas trop. La saison arrive. On compte sur toi avec K. Ils échangèrent une accolade et Noé disparut de sa vue aussi vite qu’il y était arrivé. D’ailleurs s’il était venu c’était pour une raison. Il ne lui avait pas demandé ce qu’il faisait des fonds de son LDL, il le savait déjà . Il devait avoir autre chose en tête. Il était juste venu l’avertir en personne que le projet était mis en suspens. Ce qui voulait dire qu’il avait quelque chose en tête. Stéphane s’enfonça dans son fauteuil et leva les bras derrière la tête, le temps d’une seconde avant que la douleur au niveau de son bas ventre ne le fasse changer de position. Bordel. Il n’en sortirait pas. Autour de lui, les clients venaient acheter leurs courses de dernière minute, il était 19h20. Eric assurait la caisse à côté de lui. Il avait tout entendu. Et il savait ce que cela voulait dire. Réduction de salaire. Pas le choix. - C’est pas grave, patron. - Pas grave ? Je te promets une chose un jour et le lendemain je te le reprends. Tu dois me prendre pour une baltringue. - Pas du tout. J’ai vu votre ami. Il a quelque chose derrière la tête. Et je préfère gagner moins plutôt que de voir des rapaces comme Carrefour ou Auchan faire leur beurre sur la déshumanisation de quelque chose qu’ils ont créé mais jamais compris.