Toute l’équipe était réunie dans la salle de conférence. De Jocelyne à Jérôme en passant par Ziad et Caroline. Et pour Noé, l’heure était grave. Il s’agissait de sauver le bébé de l’eau du bain. Le Livret de Développement Local était un succès. Approuvé par la Secrétaire d’État en personne. Et les revenus étaient à la hauteur de ce qu’il avait espéré de plus rentable. Un succès. Un vrai. Dans les autres caisses les résultats s’avéraient également à la hauteur d’après les premiers retours que Noé avait pu compiler. Et pourtant. Et pourtant il avait vu Stéf et compris la faille. Le marché des supérettes avait évolué. Et les grandes marques se faisaient un malin plaisir à ouvrir de petites enseignes en centre ville ou dans les quartiers. Des échoppes pas plus grandes que celle de Stéphane. Des arabes du coin franchisés. Avec l’appui surdimensionné des structures de multinationales pour subvenir à leurs besoins et des process de centrales d’achats aussi pernicieuses que leurs maisons mères. Alors le LDL, tel que l’avait pensé Noé et ses collègues perdait tout son sens. L’exemple d’Eric Picard était éloquent à ce sujet. Alors il fallait agir. Agir tout de suite. - Bonjour tout le monde. Je vais être clair et direct. On arrête la mise en vente du LDL. - Hein ? - Mais enfin pourquoi ? - Que dois t on proposer en remplacement ? - Conneries ! C’est notre meilleur produit Patron. - Je sais Ziad. Mais nous devons mener des investigations sur les modalités qui permettent d’y accéder. - Mais enfin pourquoi ? - Parce que la réalité du commerce de proximité nous y oblige, Jérôme. - Comment ça ? Tout le monde rapporte plus que nous pouvions espérer sans parler des capacités développement que nous leur offrons. - Est ce que vous connaissez le Carrefour Market de la Libé ? Tous se regardèrent sans savoir quoi répondre. Évidemment. Évidemment qu’ils ne connaissaient pas le Carrefour Market de la Libé. Tous étaient logés en périphérie bourgeoise de la ville. Sauf Jocelyne. - Oui. Je connais. - Vous pourriez expliquer à vos collègues son fonctionnement ? - Bien sûr. Vous entrez en scannant votre carte bancaire, faites vos emplettes et payez en scannant votre carte à la sortie. Il n’y a plus de vendeur. Plus d’employé. - Comme en Chine ? Je croyais que ça ne marchait pas sous nos latitudes ? - Et bien il faut croire que si Jérôme. D’ailleurs vous savez ce qui a permis cela ? - Notre produit. - Exactement Caroline. Noé savait ce qui allait suivre. Il le savait pour l’avoir pensé. Anticipé. Alors il ne fut pas surpris que ce soit Ziad qui prit la parole. - Je croyais que la secrétaire avait validé le produit. - Bien sûr. Comme m’a dit un ami, elle doit certainement manger tous les jours avec les grands groupes français. De l’alimentaire ou du BTP. - Merde. On est foutu. - Pas nécessairement Jérôme. Pas nécessairement.
Robin des banques - 14
L’ANTIDOTE
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