L’ambulance roulait au pas. Doucement, Karim, assis sur le strapontin à côté du brancard Eric Picard dormait, voyait passer les uns après les autres les pavillons du Centre Hospitalier Laborit. C’était comme au cinéma. Manquait plus que le Dies Are et la noirceur serait devenue lugubre. Parce que si la santé physique d’Eric s’était rapidement améliorée, il avait à nouveau intenté à ses jours. Avec le tuyau de douche. Depuis, plus un mot. Cela faisait cinq jours. Cinq jours que Stéphane et lui se relayaient auprès de lui, lui parlant comme si cela pouvait compter. Eric, lui, était totalement fermé. Fortement sédaté, le psychiatre qui l’avait examiné avait décidé de le placer à l’isolement. Trop de risque de récidive. Enfin l’ambulance arrêta le défilé et les portes s’ouvrirent. Ils firent descendre le brancard et Karim les suivit jusqu’à ce qu’on lui dise qu’il ne pouvait aller plus loin. - Je suis de la maison, s’il vous plaît. - Si vous êtes de la maison vous savez. - Je sais quoi ? Je sais qu’on a droit de rendre visite à un proche. - Alors vous n’êtes pas de la maison. C.H.U. ? - Oui. - Suivez moi, que je vous explique. L’infirmier prit le temps d’indiquer à sa collègue la chambre et les consignes pour Eric et revint dans le bureau infirmier Karim l’attendait. Il lui fit signe de s’asseoir et écarta deux papiers avant de prendre une grande inspiration. - Votre ami a été admis sous le régime de péril imminent. Ce qui veut dire qu’un médecin a acté la nécessité de soin sous contrainte. Son passage à l’acte nécessite qu’il soit dans une chambre isolée et sécurisée. - Sécurisée ? - Sans rien qui ne lui permette de repasser à l’acte. - Pendant combien de temps ? - 48 heures pour commencer. - Je pourrais le voir quand ? - Pas avant 48 heures. - La vache, c’est raide. Et il va rester sédaté longtemps ? - Normalement le temps qu’il retrouve ses capacités. D’après son dossier cela fait cinq jours qu’il a commis sa tentative et même pas 24 heures qu’il dort de nouveau. Il faut lui laisser le temps pour ensuite commencer le travail. - Le travail ? - Notre travail. L’aider à refaire surface pour faire simple. - Je vois. Je peux vous laisser mon numéro de téléphone pour être informé ? - Malheureusement non. Ce sera à lui de nous indiquer la personne qu’il souhaite contacter en temps voulu. - Et la police, elle va pouvoir l’interroger ? - Non. Il est ici en rupture. Pour l’aider à se retrouver. Rien ne viendra interférer sur le processus, vous pouvez être rassuré. - Rassuré ? Je l’ai trouvé le ventre ouvert sur le perron de mon immeuble. Je serais bien plus rassuré si la police pouvait commencer son travail. - J’entends. Mais il est ici pour se soigner. Et il en a besoin, n’est ce pas ? - C’est clair. Merci pour vos explications. - Je vous en prie. L’infirmier lui montra le chemin pour sortir et il marcha jusqu’à sa voiture, sur le parking des urgences du C.H.U.. Assez loin pour prendre une suée. La seule chose qui le rassurait était qu’Eric était protégé. Son agresseur ne pourrait l’atteindre. Pour l’instant. Le problème était qu’il n’avait qu’un suspect et un mobile. Et que le mobile reposait sur du vent et le suspect sur une fausse identité. - Karim. - Stef. - Alors ? - Il est en lieu sur. - Il a parlé ? - Pas un mot. L’enquête ? - Silence radio. Je ne suis même pas sûr qu’ils enquêtent. Vu comment ils sont venus recueillir mon témoignage, je pense qu’ils nous prennent pour de gros mythos.
Robin des banques - 22
L’ANTIDOTE
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