L’inspecteur Poirier n’avait même pas pris le temps de finir d’écouter Karim. Au lieu de cela il avait levé une main en guise d’attente et avait sorti un dossier de plusieurs centaines de pages barré d’un EuroDiff’. De toute évidence cela faisait un moment que ces gaillards était dans le viseur de Poirier et de son équipe. - Je vous explique. Jusqu’à présent tout était légal. Pas un pied qui dépassait de la procédure. Ces enfoirés savent jouer des lois et des vides juridiques. Pourtant, comme vous pouvez le voir, les faits délictueux sont légion. Mais jusqu’à présent, tout s’arrêtait au marché de Rungis. Alors, vous pouvez me dire ce qui change avec vous ? - Ben, je savais même pas qu’il logeait à Rungis. Enfin, si c’est bien de Francis Lacorde dont on parle, n’est ce pas ? - Oui, c’est lui. - Eh bien il a tenté d’assassiner un ami à moi employé par un autre ami à moi via le financement d’un troisième ami à moi via un produit financier qui ne plaît tellement pas à l’État que la Secrétaire en charge a décidé de le rendre incompatible avec les règles du marché actuel. - Wow. Ça fait beaucoup. Expliquez moi plus doucement. Je ne suis qu’un flic vous savez. Un peu bas de plafond. Karim regarda son interlocuteur et vit la lueur espiègle dans son regard. Ce n’était pas un interrogatoire. Tout ce qu’il dirait ne serait pas retenu contre lui. Alors Karim se détendit et posa son portable sur la table et expliqua de manière plus approfondie toute l’histoire à l‘inspecteur Poirier qui n’en manqua pas une miette quitte à poser des questions auxquelles Karim n’avaient bien souvent pas de réponses. - Voilà vous savez tout. - Bien. Comment vous connaissez le flic le plus secret de toute la francophonie ? - Hein ? Jean ? - Oui. Le commissaire divisionnaire Favreau. Comment le connaissez vous ? - Il était en poste à Poitiers il y a quelques années et nous nous sommes pris d’amitié. - Comment ça pris d’amitié ? - Eh bien...mais quel rapport avec Lacorde ? - J’y viens répondez. Comment avez vous connu Favreau ? - Comme je vous l’ai dit , il était en poste à Poitiers il y a quelques années et disons que nous routes se sont souvent croisées. Et nous avons pu, mes amis et moi compter sur lui lorsque cela comptait le plus. - Il vous a sauvé la vie ? - Il nous a sauvé la vie. - Bien. Filons à Rungis avant que cette raclure de Lacorde trouve encore une échappatoire. C’était comme dans un film, la 208 GTLine roulait à tombeau ouvert vers Rungis ainsi qu’un camion surarmé et une voiture banalisée. Karim était content de ne pas avoir avalé quoi que ce soit depuis la veille. Quand ils eurent attrapé le périphérique, le rythme ne baissa pas mais la route était moins chaotique. - C’était pour savoir si j’étais fiable, c’est ça ? - Hein ? - Favreau. Vous vouliez savoir si je n’étais pas un mytho. - Exact. Vous savez Paris ce n’est pas Poitiers et poser une bombe au 36 ferais ressortir de vieux démons. J’avais besoin d’être sûr. - Je comprends. On est encore loin ? - On arrive. Enfilez ça. Poirier prit un gilet pare balles sur la banquette arrière et le tendit à Karim. Merde. Ça risquait de craindre. - Vous en faites pas. C’est la routine. Les flics sont des cibles maintenant vous savez. Et ceux qui les aident sont encore plus vulnérables. Alors vous restez bien derrière moi et quand vous aurez identifié Lacorde, vous me le dites et vous vous planquez de tous. Vous avez compris, Karim ? De tous. - OK. Quand ils arrivèrent devant la grande halle du marché de Rungis cinq minutes après, Karim respecta scrupuleusement la consigne. Devant leur entrée et surtout le camion blindé nombre de vendeurs partirent en courant. Les autres ne firent même pas attention à eux. - Ce sont eux les plus dangereux. Ne vous fiez à personne à part moi et mes hommes, ok ? - Ok. - On y va alors. Quand ils entrèrent dans le hall principal, se trouvait le bureau de Eurodiffusion, c’était déjà l’effervescence. Et le bordel. Si bien qu’il n’eurent même pas à aller plus loin. Un homme courait vers eux suivi de bacs en polyester qu’on balançait à un pauvre bougre avec une minuscule matraque qui lui courait après. - C’est lui !
Robin des banques - 40
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