L'après midi était si calme aux urgences que Karim avat décidé d'aller prendre sa pause au 11ème étage de la Tour. L'afflux des semaines précédentes s'était tari aussi vite qu'il était arrivé. En moins d'une semaine. Tant mieux. Vu le nombre de housses dont ses collègues avaient eu à s'occuper (et lui aussi pendant un temps) en réa et en maladies infectieuses, c'était plus qu'un soulagement. Une libération. Il descendit de l'ascenseur et savoura, une fois sur la terrasse le plaisir de sentir un air frais et non l'odeur prégnante des DASRI. Il prit une chaise à une table et alla s’asseoir dans un coin. Il sortit son portable et sa vapot'. Il envoya un selfie à Aïsha qui répondit par un smiley puis jongla sur quelques sites de basket. On était dans les play offs. Chaque match comptait. C'était passionnant. Puis, sa dose prise, il commença à tirer sur sa vapot'. Allez cinq minutes et j'y retourne. Tout autour de lui les discussions allaient bon train sur la vaccination. Chacun avait son anecdote sur les effets secondaires. L'un de la fièvre, l'autre des douleurs articulaires. Et tout ceux qui s'opposait violemment à la vaccination. Karim, lui, avait déjà eu ses deux doses. Le moins qu'il puisse faire compte tenu de l'endroit de son poste. Bizarrement il comprenait ceux qui ne voulaient pas se faire vacciner. Il comprenait que c'était un saut dans l'inconnu. Mais lorsqu'à la méfiance se mêlait un discours de défiance vis à vis des autorités, il était perdu. Bien sûr que l’État s'était contredit. Et il le ferait encore. La médecine n'est pas une science exacte. Ça, il ne pouvait le comprendre. Surtout dans la bouche de soignants. Il y avait de la rancœur et de la haine qui sous tendait ces propos. Et cela n’annonçait rien de bon. Il regarda sa montre. ¼ d'heure d'absence. C'était bien assez. Il remballa vapot' et portable et quitta la terrasse pour se diriger vers les ascenseurs publics. La flemme de s'arrêter à tous les étages. Il appuya sur le bouton -3 et s'y retrouva en moins d'une minute. Il ouvrit son casier rangea son portable puis décida de remonter à pieds jusqu'au niveau zéro, celui des urgences.A l'étage -2, il eut à peine le temps de s'arrêter avant que la porte ne s'ouvre violemment sur un visage connu. • Commissaire ?!? • Karim ! Comment va ? • Bah ma foi, la journée est tranquille pour l'instant. • Z'êtes allé fumer vous • Pas du tout • Vous sentez le tabac • Vapot' patron, vapot' • C'est la même merde • Non. Mais qu'est ce que vous faites ici ? • Une autopsie. • Oh. Oh, c'était pas la pire. le gars était juste défoncé de partout mais les mecs l'ont rendu présentables • Je vois. • Passez le bonjour à vos camarades Karim. Content de vous avoir croisé. • Bon courage commissaire. • A vous aussi Et le voilà lancé vers le rez de chaussée avec toute la puissance de ses 120 kilos de muscles, avalant les marches quatre à quatre. Karim opta pour un rythme plus tranquille. Une par une. Il arriva dans le hall en s'attendant à se prendre une soufflante. Ca faisait presque une demi heure qu'il s'était absenté. Cela ne manqua pas. Un accident de la voie publique. Deux gosses de 3 et 5 ans au déchocage et son infirmière qui se retint de lui gueuler dessus avant de l'emmener avec elle. La soirée était lancée.
Un voie pour des voix - 2
L’ANTIDOTE
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