Jean était sur le balcon de l’appartement de Stéphane et Karine, pris dans ses pensées. Tirant sur sa vapot’, il regardait sans vraiment les voir les appartements en vis à vis. Karine était couchée depuis au moins deux heures. Et Stéphane ouvrait le frigo pour sortir une bière et un coca. Jean lui avait parlé de l’appel de Karim. Ce qui avait conduit Stéphane à lui parler de la visite des soutiens de Ligeonnières. Ils en étaient pour le moment. Stéphane tendit le coca au commissaire et décapsula sa bière. - Merci. - Alors vous en pensez quoi ? - J’en pense que tout cela commence à faire du bruit. Le boucher vient d’être transféré à Tours dans le service des grands brûlés. - C’est une bonne chose. - Ça sent pas bon vous voulez dire. Stéphane but une gorgée de sa bière et s’accouda au garde fou de son balcon. La nuit était étoilée. Pas un nuage. Une légère brise rafraîchissante caressait leurs visages. - Comment ça, ça sent pas bon ? - Le type doit être sacrément amoché. - Vous craignez le pire. - Je crains les conséquences. - Humm - Vous me dites qu’ils ont monté un comité de soutien. - D’après ce que j’ai compris, oui. Ils se sont rassemblés pour mener leur propre enquête. C’est ce que m’a dit le boulanger en tout cas. - Et vous avez répondu quoi ? - Que j’étais pas intéressé sinon par un don. Ils sont partis plutôt chafouin. - Hum. Rentrons. Stéphane ferma la baie vitrée à la demande du commissaire et tous deux se postèrent sur le canapé, posant leur boisson sur la table basse au milieu des papiers et des magazines de basket. - Ça vous passera jamais, hein ? - Quoi donc ? - Votre basket, là. On dirait une chambre d’ados. - Un jour il faudra ce que je vous explique que ce n’est pas qu’un sport, commissaire. - Oh. Une manière de vivre, je suppose. - Vous y êtes presque. Le commissaire repose le numéro de 5 Majeur sur la table et soupira un grand coup. - Je crois que vous devriez faire machine arrière et vous joindre à eux. - Pfff, j’en ai marre des emmerdes, Jean. J’ai eu du bol. Rien a été dégradé de mon côté de la ville. J’ai pas envie que ça change. - Je comprends. - Mais… - Cette histoire de mener leur propre enquête, ça ne me plaît pas. Je ne vous demande pas autre chose que d’observer et d’écouter. Je peux me tromper et peut être que ces gens sont sincères. Malheureusement, trop de gens cherchent à se faire justice eux mêmes de nos jours.
L’esprit de famille - 06
L’ANTIDOTE
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