Stéphane regardait le commissaire Favreau avec plus de questions qu’il tentait de lui poser. Dans la tête de Stéphane résonnait encore les propos de Jean Bousquet et ce qu’ils impliquaient. Ces types, Jean Bousquet, André Ligeonnières et les autres dont il n’arrivait pas à se souvenir des noms agissaient en sous marin. Et harcelaient migrant, citoyen en situation irrégulière et de façon générale tous ceux qui n’étaient pas blancs et catholiques. Plusieurs fois Jean Bousquet avait fait référence aux sermons du prêtre de Sainte Radegonde. Sainte Radegonde. Bon sang. Toujours les mêmes lieux. Avec de nouveaux noms. De nouveaux fidèles. Mais avec le même discours. - Stéphane ? Stéphane ! Vous êtes avec moi ? - Oui. Oui commissaire. - Alors qu’avez vous pu tirer de cette soirée ? Stéphane regarda sa montre. 3 appels manqués de Rose. Il était 1 heure du matin et la foule était dense place d’Armes. La conversation qu’il avait avec le commissaire faisait partie du brouhaha. Indiscernable. - Ces types sont des intégristes. Des chrétiens intégristes. - Mais encore ? - Ligeonnières, Bousquet et quelques autres font la chasse aux OQTF et autres citoyens en situation irrégulière. - C’est tout ? - Ben c’est déjà pas mal. Ça nous donne une piste, non ? Le commissaire soupira et tira une grosse bouffée sur sa vapot’. Il était énervé. Comme jamais Stéphane n’aurait pensé qu’il le soit. Énervé et contrarié. - Bordel Jean, c’est quoi le problème ? On a vécu des choses bien plus graves, vous êtes un miraculé et vous vous énervez pour une histoire de bâtiment brûlés en périphérie de la ville. Ca ne fait même plus les gros titres. Qu’est ce qui vous met comme ça sur des charbons ardents ? Le commissaire regarda de droite et de gauche, s’arrêta un instant sur un passant qui le regardait un peu trop puis tira à nouveau sur sa vapot’ avant de la poser devant lui et de boire une gorgée de coca. Stéphane but une gorgée de bière et attendit. Jean Favreau prit une profonde inspiration et plongea son regard dans celui de Stéphane comme jamais. Comme jamais avant qu’il ne parte au 36. Comme jamais avant qu’il ne devienne une ombre. Oui. Quelque chose avait changé chez Jean Favreau pendant cet interlude. Il avait changé. Il était plus irritable. Il était plus à fleur de peau. Surtout ce soir. - La mairesse me colle la pression. Elle sait. - Elle sait quoi ? - Que Bousquet était un vigilant. Et Ligeonnières aussi. Mais elle veut tellement la paix qu’elle est prête à tout pour calmer tout le monde. Le plus vite possible. - Merde. - Non pas merde, Stef. Vite. - Vous voulez dire qu’il vous faut les noms des assaillants ? - Non, des preuves de la responsabilité de Ligeonnières et ses amis dans les exactions commis contre les personnes en situations irrégulières. Je n’ai pas changé de camp, Stéphane. Je ne changerais jamais. Seulement mes hommes, enfin ceux dont j’ai hérité, baignent encore dans l’état d’esprit de mon prédécesseur. Vous savez ce que c’est les habitudes… Aidez moi à donner un coup de pied dans la fourmilière. Maintenant. Avant que de pauvres bougres désespérés paient pour de véritables enflures.
L’esprit de famille - 12
L’ANTIDOTE
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