Stéphane ne savait pas ce qui se jouait dans la forêt de Moulières. Il ne savait pas ce qu’ils avaient mis à jour. Non. Il ne savait qu’une chose. Karim lui avait laissé un message. Bousquet tenait Aïsha et Jasmine. Et tout le poussait à savoir qui avait incendié la boutique du boucher. A vrai dire, en cet instant, il n’en avait rien à foutre du boucher. Du boucher, de ses potes, du fric qu’ils levaient. Il ne pensait qu’à sa filleule et à sa mère. Et s’il fallait que l’Homme en Noir sorte de sa boîte, il y était préparé. Il avait mis son froc noir, ses lunettes de mouche et sa matraque rétractable avant d’avancer gentiment jusqu’à l’Horloge. Là, il attendit que le nuit tombe et petit à petit il s’était vu accosté par des hommes, des femmes de peu de vertus et des vendeurs à la sauvette bien trop frêle pour supporter ce qu’il voulait leur infliger. Vers deux heures du matin son téléphone sonna. Numéro inconnu. Il laissa couler. -- ‘tain quess tu fous Peyroux ? Et habillé comma ça ? Quess tu crains ici ? T’es de la famille maintenant. Norman lui fit une accolade franche et sincère. Stéphane enleva alors ses lunettes et lui montra la matraque qu’il repliait et rangeait dans sa poche avant d’enlever sa cagoule et de réajuster ses cheveux. - Putain vous êtes compliqués les mecs. - Compliqués ? C’est toi qu’est compliqué. Quand on nous aide à ne pas se retrouver à V, le gars, il est des nôtres. Et tu m’as évité de me retrouver à V. Alors t’es des miens. Et je sais que tu sais ce que ça veut dire. Cela voulait dire, qu’il avait l’immunité. Que personne ne s’en prendrait jamais à lui ici à Saint Éloi. Et si malheur devait lui arriver ailleurs dans le monde, il serait vengé. Parole de Sénégalais. Bref, Stéphane était protégé. Ici. Maintenant. Demain. Ailleurs. - Quess qui t’amènes comme ça complètement vénère, mon pote ? - Ma filleule a été enlevé. Et sa mère. - La fille de Karim. Et Aïsha ? - Tu les connais ? En fait, Normann Diakhité n’avait rien d’un requin. C’était plus un ours. Du genre à manger du miel ou vous dévorer si vous empiétez sur son territoire. Un Grizzlie. Un putain de grizzlie. - Bien sûr que je les connais. C’est la famille eux aussi. - La famille ? Normann écrasa son blunt et prit une grande inspiration. Les éclairages de la ville étaient tous éteints à cette heure. Alors il regarda les étoiles comme il aurait regardé de saintes écritures. - Tu sais, y’a peu de gens qui voient en nous autre chose que des nuisibles. Tout le monde veut nous coffrer. Ou pire nous éliminer. Ça leur donne bonne conscience. Mais toi, Karim, Aïsha et même ton pote le banquier Noé, vous ne nous avez jamais manqué de respect ni même chargé. Tu te souviens de Camille ? - Camille ? Camile Monchaud. Oui. Karim l’a aidé je crois. - Ben voila. Et elle a aidé à faire ce qu’Ekidom et sa société de jeunes entrepreneurs n’a jamais réussi. Elle lui a permis d’apprendre le métier de carreleur. Et à se lancer. Il est heureux maintenant tu sais. - T’es pas un capo comme les autres, Normann. - Ouais ptêt bien. Bon, quess tu veux ? - Je veux que tu me dises qui je dois chasser rapport aux émeutes de la semaine dernière. Surtout rapport à un certain André Ligeonnières, boucher de son état.
L’esprit de famille - 14
L’ANTIDOTE
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