Revoir Jean Favreau avait d’abord été comme un soulagement. Quand il s’était mis à parler, en se tenant le flanc, cela avait été comme un forme de condamnation. Oui. Si ils souhaitaient tous les trois sauver leur peau, ils allaient devoir se fier à lui. Terrible. Terrible comme une sentence de cour d’assises. « Faites ce que je vous dis ou c’est la taule pour vingt ans incompressible ». Bordel. Noé avait bien écouté tout ce qu’il avait dit. Dire qu’il avait tout retenu relevait de l’utopie. Il n’avait retenu que la première étape. Picard. Gala Remon Picard. Trouver ses avoirs. - Jocelyne ? - Non c’est Caroline. Jocelyne a pris sa journée. - Ok, Caroline. Je ne veux pas être dérangé. Ni au téléphone ni physiquement. Et ce jusqu’à la débauche. Prétextez que je suis en réunion. - Très bien monsieur. - C’est valable pour tout le monde, Ziad, Jérôme et vous compris. - C’est noté monsieur. On vous laisse tranquille aujourd’hui. - Merci. - Pas de problème monsieur. Monsieur ? - Quoi ? - Si vous avez besoin de l’un d’entre nous, nous sommes prêts. - Bien. A demain. - Oui Monsieur. Il avait regardé son smartphone, envoyé un message à Karine pour lui dire de prévenir la garderie parce qu’il aurait du retard et avait ouvert son interface de comptabilité. Gala Remond Picard. La première question était de savoir si des fonds restaient visibles en France. Il tapa son code de compte et remarqua qu’il ne contenait que les dommages et intérêts pour la mort de son fils. 15 000 € . Juste de quoi garder le compte ouvert. Et ce qu’il signifiait en terme d’accès à la France. Mais Jean avait été clair. Cette femme avait des soutiens si puissants qu’elle n’avait rien à envier à Poutine. Putain. Poutine. Il se dirigea directement vers la Russie et tenta de percer le pare feu de la Sankt Peterburg Bank. Sans succès. Il changea alors son fusil d’épaule et essaya de trouver qui était ce dénommé Remond. Celui qu’elle avait épousé. Bingo. Un homme d’affaires ukrainien très investi dans la guerre de son pays contre l’envahisseur russe. La planque parfaite en somme. Il utilisa une routine que Hakim lui avait fourni et tomba sur le pot aux roses. 250 000 000 000 $ Autant dire qu’elle devait siroter des mojitos sur la Mer Noire du bon côté de la Crimée. Oui. La question que ne lui avait pas posé – pas pour l’instant- Jean était de savoir ce qu’elle faisait de tout ce pognon. Sans trop savoir, il tapa un mot clé en rapport avec son fils disparu. Bordel. Elle venait de faire don de 100 000$ au cabinet d’avocat qui l’avait défendu. Il regarda de plus près et reconnut immédiatement le nom de l’amie de Camille Monchaud. Il restreignit son envie de l’appeler et continua sa quête des lègues de la dame. Et c’était un truc pas ordinaire. Pas ordinaire du tout.