- Ce sont les techniciens du chaos. Enfin c’est comme cela qu’ils se font appeler. - Les techniciens du chaos ? Qu’est ce qu’ils veulent ces tarés ? Renverser les banques ? Tuer Saurier ? - Non. Il s’agit de lobbys qui tentent de déstabiliser l’ordre établi. Leur but est bien plus ambitieux. Ils veulent faire tomber la Vème République. - Des types de Mélancoin ? - Sans aucun lien prouvé. Mais ils sont jusqu’au boutistes. Ils veulent par à coup décrédibiliser les acteurs de notre société. Saurier en était un. Et Tournier vient de se dévoiler. Seulement, il ne s’est dévoilé qu’à nous seuls. Et nous n’avons aucune preuve qu’il soit derrière le photomontage. Des preuves, Stéphane. Voilà ce qu’il nous faut. Des preuves tangibles. - OK. Comment on fait pour se les procurer ? Jean se leva difficilement du canapé de Stéphane. Celui ci prit le temps de jeter un coup d’oeil à son bouclard. Rien à signaler. Aurélien gérait l’affaire sans difficulté. Le pansement que Aïsha avait apposé sur le flanc de Jean Favreau était déjà saturé. Cela signifiait que l’hémorragie était toujours active. Il perdait son sang. Il perdait son sang jusqu’à ce qu’il n’en ait plus. - Faut vous emmener à l’hosto Jean. Vraiment. Jean regarda le pansement et l’arracha avant d’y poser de nouvelles compresses et refaire un pansement de fortune avec le matériel que Aïsha avait réussi à amener. - Certainement pas. Tant que je suis mort je suis en sécurité. Et je peux agir. Avec votre aide. Avec ton aide Stéphane. Il faut trouver une preuve. Un lien. Ce n’est pas la bite de Saurier sur la photo. Pourtant ce sexe appartient bien à quelqu’un. Et il faut le trouver. - OK. Où ? Jean alluma la télé de Stéphane et se brancha sur BFMTV. Sainte Solinnes. Des milliers d’altermondialistes même si ils ne se disaient plus comme cela. Stéphane comprit le message. La mouvance d’ultra gauche comme ils disaient sur BFM. Là était les soldats. Les pions. Ceux qui faisaient. Sur les ordres de ceux qui pensaient. Les techniciens du chaos étaient tout à la fois des gens qui pensaient et des gens qui appliquaient. Et tout cela était compartimenté. Les uns ne connaissant pas les autres. Chacun agissait selon les retours des autres sans que jamais ils ne se croisent. Whatsapp. Telegram. Voilà ce qu’ils devaient fouiller. Pour établir un lien entre Tournier et ses petites mains. - Il faut les infiltrer, Jean. Il faut se foutre sur un de leurs groupes. - Impossible. Cela m’a coûté mon équipe. C’est là où ils nous ont mis le nez dans notre merde. C’est via Télégram que mon lieutenant s’est fait démasqué. Non. Il n’y a qu’une seule façon, Stéphane. Vous le savez. Jean plongea son regard dans celui de Stéphane. C’était entendu. Maintenant il allait falloir se mêler aux rêveurs. Là était le défi pour Stéphane. Pour Stéphane, Jean, et toute leur clic. - OK. Je vais y aller.