-NonKarim,nemontezpasàParis.Sivousfaitesçavoussignezvotrearrêtdemort. Notre arrêt de mort. A tous.Jeanselevadufauteuildelapanicromsanssetenirleflanc.C’étaitbonsigne,Aïsha etluiétaientdetouteévidencedebonssoignants.AlorsqueStéphanesedémenaitdansle bouclard,Karimleregardaalleretvenir,unœiltoujoursbraquésurl’enregistrementdes caméras. -VousnecomprenezpasKarim.Vousetvosamisnecomprenezpas.Ils’agitd’uncombat. D’uncombatdel’ombre.Unelutteacharnée.Sansmerci.Entredeuxantagonistesdenotre société. Les bleus. Et les rouges. Et c’est une lutte à mort, regardez moi.Favreau pointa son pansement toujours maculé de sang.Oui.Il devait avoir raison.MaisKarimcommeStéphaneetNoéétaientdefiévreuxidéalistes.Toustroispensaient qu’ilétaitpossibledes’entendre.Tous.Quelquesoitnosorigines.Quelquesoitnotre statutsocial.Quelquesoitnoscroyances.Quelquesoitnotrereligion.Poureuxtrois, c’étaitcequifaisaitdelaFranceunpaysàpart.Unpaysàmêmedetoutentendre.Un paysoùlalibertéd’expressionsavaitserendrevisible.Etlui,Karim,enavaitmarre des types comme Jean. Oui.Il en avait marre d’entendre que ce n’était pas possible de vivre ensemble.Qu’il fallait faire des choix.Qu’ilfallaitsetaireetaccepterleschoixdegenssocialementmieuxdotés.Toutcela parce qu’ils seraient plus au fait des enjeux internationaux.-VousmefaiteschierJean.Vraiment.J’enaimarredevousentendreparlerdel’intérêt supérieurdelaNation.Regardezoùcelavousamené.DanslaturnedeStéphane.Alorsje vousledis,jevaisàParis.Etsivousn’êtespasd’accordoucraignezpourvotrevie danscettepiaule,vousconnaissezlescodes.Etsiàl’inverse,pourunefois,vousvous laissezguiderparnotreinstinct,vousnousserezindispensable,vouslesavez.Etje sais,sic’estvotrechoix,quevoussereznousépaulerau-delàdetoutcequel’onpeut attendre. Parce que vous incarnez ce que la République a de plus noble.KarimavaitditcesderniersproposlesyeuxplongésdansceuxdeJean.Commepoussépar quelquechosedepusgrandquelui.Quandilbaissaleregardpourprendresesclésetson portable, il sentit la main de Favreau se poser sur son avant bras.- Ne faites pas le con, tous les trois. Putain ne faites pas les cons pour moi.-OnnelefaitpaspourvousJean.Onestaussiégoïstesquelesautres.Onlefaitpour nous.-Alorsjesuisdesvôtres.UnefoisàMontparnassefilezversle36.Làbasvousverrez le bâtiment de la cour des comptes. Suivez Tournier. Maintenant il en est le président.- Merci Jean.-Non.Non,non.Soyezvigilant.Onseferadesaccoladesamicalesquandilseratemps.Et on en est loin. Capiche ?- Oui commissaire. Restez à l’écoute.Surletrajetjusqu’àlagare,KarimenvoyaunsmsàAïshapourluidired’embrasser Jasminepourluietqu’ilseraitlàpourlebiberondumatin.Elleavaitgobé.Enfinc’est ce qu’elle laissait entendre.Cela le rassura.Letrajetjusqu’àParispassaencoreplusvite.Karimdormittoutdulongetnedutdene pas faire le retour qu’à son voisin.- Excusez moi, mais je préfère vous dire qu’on est arrivé.- Oh. Merci monsieur.-Pasdesoucis,jesaiscequec’estdefairedesallersretoursnonvoulus.Bonne journée.Et le type de disparaître comme Karim rassemblait son cerveau.Une fois à l’air libre il ajusta son sac à dos et suivit les instructions de Jean.Le 36.La cours des comptes.Tournier.Il décida de le suivre au lieu de l’aborder.Commelesoirtombait,l’hommesortitdubâtimentenregardantsamontre.Ilhélauntaxi et Karim enclencha sa filature sur une trottinette boostée.BientôtilsarrivèrentboulevardVoltaire.Aunuméro101.Tournierregardaunefoisde plussamontre.Ilsemblaitperturbé.Ilsonnasanshésitersuruneadressede l’interphone qui s’ouvrit aussitôt.QuandKarimarrivafaceàlaporteilnotaqueTourniernepouvaitavoirappeléqu’unseul numéro.Et son cerveau se mit à vibrer.Sur de mauvaises fréquences.