Les gaz lacrymogènes fuyaient du bon côté. Du bon côté pour les manifestants. Les bassines de Sainte Solinnes ressemblaient à une guérilla. Aux mortiers répondaient des boules de pétanque d’un kilo lancées sur des lances pierres dont ils fallait se mettre à trois pour les projeter. Tout autour de Stéphane l’atmosphère était suffocante. Entre les relents de gaz lacrymogènes qui faisaient ressembler les policiers à des agents de surveillance nucléaire, les quads qui balançaient leurs coups de tasers. Et la minorité qui balançait projectiles sur projectiles, Stéphane se demandait vraiment comment il allait pouvoir tirer une quelconque information de ce chaos. - Wow, blaireau, bouges ! Le CRS l’avait repéré. Un gentil. Une erreur. Et il l’avait épargné en lui pointant la masse sage qui se trouvait à moins de dix mètres. - Retournes là bas pauv’ con. Stéphane ne se fit pas prier. Très vite il repéra des groupes qui se contentaient de chanter ou de boire. Il choisit ceux l’on buvait. Sa gorge et ses yeux étaient en feu. Il avait besoin de quelque chose pour calmer cette exposition à ce que la police a de plus vicieux. - Salut. - Salut mon frère. Prends ça. Et sers toi une bière après. Tu viens d’où ? Stéphane accepta le chiffon imbibé d’eau et le porta à ses yeux sa vue se brouilla avant que la douleur ne se dissipe et qu’il puisse voir sans souffrir. - Je viens de Poitiers. Je suis commerçant. Et je travaille avec des maraîchers qui souffrent du peu de considération de types comme ceux qui s’accaparent les ressources pour eux seuls. Alors je pleure. Tous rigolèrent à son laïus avant de lui taper dans le dos et de trinquer avec lui. - Putain, ça fait du bien de savoir qu’il y a des commerces qui ne pensent pas qu’à leur gueule. - C’est un travail complémentaire, je crois. Si je vends des bons produits, j’obtiens des clients plus fidèles. Et qui véhiculent une bonne image de mon commerce. - Ha ! T’es pas con toi ! Mais tu veux que je te dises ? T’es qu’un rêveur. T’as rien à foutre ici. Moi il a suffi que je me branle sur une photo pour faire sauter le chef d’une des plus grosses banques de France. Tu piges ? Dis moi est ce que tu piges ? - Euh...Je ne suis pas sûr. - Suffit pas d’avoir des idéaux de nos jours. Il faut agir pour eux. Quelque soit les moyens. - Putain t’as pas besoin de raconter ça. - Raconter quoi, j’ai rien fait de mal ! Tout ce que je veux c’est que ces enculés paient. Qu’ils paient tous. Et c’est pas en pensant à un circuit d’approvisionnement que les choses changeront bandes de pauv’ blaireaux. Le type se leva d’un seul coup et ajusta sa tenue de policier. Il enfonça son masque à gaz sur sa tête et prit trois boules de pétanque avant de disparaître dans le brouillard lacrymal. - Excusez moi, mais qui c’est celui là ? - Un agent double. C’est lui qui nous a dit pour les quad et le positionnement des agents de sécurité. - Un agent double ? - Dison qu’il n’aime pas trop le gouvernent. Et qu’il va le vent du désordre le pousse.
La Foi fait la Force - 07
L’ANTIDOTE
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