Noé était arrivé sur le port de La Rochelle un peu tôt. L’antenne des Blue Shepard n’était pas encore ouverte. Il en avait profité pour se balader sur le Vieux Port. Il était même descendu sur le ponton pour voir de plus près yachts et voiliers. Sacré spectacle. Il finit par voir une espèce de Gandalf bleu peint comme sortant de flots flanqués d’un Blue Shepard à l’écriture travaillée. Le voilier devait bien faire dans les 30 mètres. Noé remarqua une lumière dans la cabine. Sans trop se faire voir, il s’approcha un peu plus près. Assez pour voir des cartes avec des croix rouges encerclées et des flèches qui semblaient déterminer un trajet qui les rejoignait tous. Un peu plus bas, l’escalier fit apparaître une jeune femme avec des rations. Ils s’apprêtaient à lever l’ancre pour partir en expédition. Il resta un peu trop longtemps à les observer, puisqu’il finit par se faire repérer par la femme, ce qui entraîna une mise dans le viseur des deux hommes penchés sur la carte. Aussitôt le store descendit et Noé ne demanda pas son reste et se radina vite fait jusque sur la terre ferme. Il consulta sa montre. 9H35. L’antenne était ouverte dorénavant. Dix minutes plus tard il entrait dans ce qui ressemblait à un stand de foire d’exposition. Flyers et prospectus côtoyaient des affiches sur le changement climatique, la mer, la faune et la flore marine. - Je peux vous renseigner ? - Oui. Je suis directeur d’une agence bancaire et nous prospectons actuellement, à la demande de notre caisse centrale, d’éventuelles associations à but non lucratif auxquelles nous associer. Noé comprit aussitôt qu’il avait piqué la curiosité de l’homme entre deux âges, légèrement bedonnant et à la barbe rousse bien fournie. Il adressa un sourire à Noé. Un sourire commercial. Parfait. Ils étaient sur son terrain. - Je vous en prie asseyez vous. Dites moi, pourquoi avoir pensé à notre fondation ? - Pour le corail. Nous ne souhaitons pas investir ou nous associer à des associations qui prônent la désobéissance civique ou la dégradation de biens publics ou privés d’ailleurs. Vous semblez être dans l’action constructive. De prime abord, cela pourrait matcher. Dites m’en plus sur votre structure, si vous avez le temps, sinon je peu… - Non, non, pas de soucis. Un café ? - Non merci. Un thé je préférerais. - Vous êtes Rochelais ? - Non, je suis de Poitiers. - Et vous êtes venus à La Rochelle pour nous voir ? - Entre autres. - Oh. Je vois. L’homme se leva pour allumer la bouilloire et prendre différents supports qu’il tendit à Noé avec son thé. Il était brûlant. Noé souffla sur sa tasse pendant que l’homme, Simon, lui présentait Blue Shepard. Une fondation dirigée par un multimilliardaire australien. Créée en 1995, elle s’était développée au fil des ans et de la prise de conscience de la population de la nécessité d’agir pour l’environnement. Ils étaient aujourd’hui présents sur 90 % des côtes terrestres. Et continuaient de faire des émules. Bien sûr ils agissaient sur des projet concrets, mais intervenaient aussi dans les établissement scolaires, les associations de pêcheurs, les instances portuaires. Leur but était d’éveiller les consciences. Alors qu’il s’apprêtait à lui dire les projets sur la côte atlantique française, Noé le stoppa. - Excusez moi, je suis conscient et au fait de la qualité de vos actions et de vos modes d’actions. Le respect de la loi est pour nous fondamental. Par contre j’aimerai savoir comment vous financer vos actions. - Avec votre aide. - Pour l’instant, le Crédit Populaire ne vous a guère aidé à ma connaissance. - C’est vrai, je voulais juste dire que notre fonctionnement repose sur un système de donation. Du simple € pour certains aux milliards pour d’autres. - La contre partie ? - Une déduction d’impôts pour l’euro comme pour le milliard. Noé but une gorgée de son thé, puis se renfonça dans sa chaise en soupirant. - Quelque chose ne va pas ? - Je ne suis pas intéressé par une déduction fiscale. Je suis intéressé au fait de voir le Crédit Populaire associé à votre fondation. - De la publicité, c’est de cela dont vous parlez? - Disons un échange. Vous parlez de nous et vous pouvez compter sur nous pour parler de vous. - Je vois. Dites M. Ouedraougo, vous croyez à la devise selon laquelle l’union fait la force. - Bien sûr. - Et bien disons que nos légataires croient davantage aux valeurs qu’il partagent avec nous. Ils y croient. Littéralement. Peu importe les retombées pour eux. Chez nous, on pourrait dire que la foi fait la force. Vous suivez ?
La Foi fait la Force - 08
L’ANTIDOTE
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