Noé n’était pas sûr de tout comprendre. Pas sûr du tout. Déjà, au lieu de se prélasser à la terrasse d’un cinq étoiles monégasque sous un soleil azuréen, il se trouvait Place de la Victoire à Bordeaux à essayer de deviner ce que faisait le gardien de l’autre côté de la place. Celui ci, bien que la pluie n’arrêtait pas, restait stoïque sous la terrasse chauffée du Bodéga. Entre eux, les gens pressaient le pas sous l’averse. En fait si. Noé comprenait une chose. Ce type en attendait un autre. Mais qui ? Et pourquoi ? Ici ? - Ziad ? - Patron. - Dites moi, Mme Ricard a des avoirs à Bordeaux ou dans le bordelais ? - Avait. C’est ce que nous avons découvert avec Jérôme. Une série de placement chez FTX l’a ruiné. Et vos aventures l’ont privés de ses hypothèques. - Mes aventures ? - Eurodiffusion. Elle était actionnaire majoritaire. - Merci Ziad. - A votre service patron. Faites gaffe à votre peau. - Merci, je vais essayer. Ben voila. Voilà LA pièce qui lui manquait. Madame Ricard avait fait assassiné son fils pour toucher le jackpot. Noé en était tellement sûr qu’il se mit à scruter les voitures qui passaient, s’arrêtant sur les modèles de luxe pour mieux voir si le gardien entrait à l’intérieur de l’une d’entre elles. Deux fois il se leva devant le regard du gardien vers des Lexus. Mais ne le voyant pas se lever il s’était ravisé autant de fois. Finalement ce fut un homme emmitouflé dans une parka trop grande qui vint s’asseoir face à lui. Le gardien lui serra la main en souriant. Ils échangèrent quelques mots, sans doutes des politesses puis les choses s’envenimèrent. Le type laissa tomber le haut de sa parka pour poser ses poings sur la table et invectiver copieusement le gardien. Lui restait impassible. Il eut même l’assurance pour poser une enveloppe devant les poings serrés de celui que Noé avait reconnu comme Jean Claude Rabotin. Les billets volèrent alors et le gardien, de toute évidence énervé prit par le col Rabotin. Noé vit la terreur sur son visage quand le gardien lui fit faire le tour de la table et ramasser les billets. Il pensa qu’ils allaient en rester mais le gardien ne lâchait pas le col de Rabotin. Noé ne réfléchit pas davantage devant la scène, il sortit du Victoire et se fit klaxonner en traversant la Place de la Victoire et son ballet de voitures incessant. Cela fit tourner la tête des deux hommes et accéléra de toute évidence les plans du Gardien. Il chargea carrément Rabotin comme un sac de patates sur son épaule et commença à trottiner direction le cours Saint Jean. Noé les rattrapa au moment ils tournaient vers le quartier Saint Michel. La chance était avec lui, un tramway les stoppa net et Noé fit chavirer de l’épaule du gardien son patron. - Venez ! Rabotin avait toujours les yeux terrorisés et le corps paralysé par la peur. Noé le prit alors par la manche pour le faire avancer mais il était trop tard. Le gardien tenait son poignet. Si aucun des deux ne cédait, Rabotin allait souffrir. - Vous êtes fini raclure ! Je sais tout. - Toi ? Bamboula est un super détective c’est ça ? Tu sais rien négro. Maintenant lâche le ou je t’embarque avec lui. Noé le lâcha et cela provoqua l’effet escompté, le gardien perdit l’équilibre l’espace d’un instant. Ce fut suffisant à Noé pour lui sauter sur le râble. Alors qu’il allait lui asséner un coup de boule, Une douleur violente se fit sentir dans son dos. - On arrête tout de suite les conneries monsieur le justicier. Police.
Le gardien - 18
L’ANTIDOTE
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