Aziz et Karim étaient transis de froid. Ils avaient quitter le hall principal de l’hôpital avec comme seule compagnie un grand café chacun. Dix minutes plus tard le café était froid. Il le descendirent dans le silence puis se mirent à marcher entre les pavillons, seulement éclairés par des led de mauvaise qualité. Et dire qu’on se plaint de n’avoir qu’un lampadaire sur deux à la Milètrie pensa Karim comme Aziz commençait à éternuer. Son visage semblait s’arranger. A moins que ce ne soit la pénombre. Ce qui était sûr c’est que le rhume venait de s’introduire dans son organisme. Karim se mit alors à chercher un abri. Vers 23 heures, ils trouvèrent des quais de déchargements déserts et abrités. Karim fit signe à Aziz de le suivre et ils se recroquevillèrent dans un coin le vent soufflait moins. Aziz était un taiseux. Un vrai. Et la situation présente n’était pas encline à modifier sa nature. Karim tenta de parler. Mais il s’aperçut qu’il était lui aussi trop exténué pour faire du zèle. Et comme il avait plus de 36 heures de veille au compteur, il ne vit pas minuit. Alors qu’il se voyait au milieu de géants antipathiques à multiplier les feintes pour réussir à foutre ce putain de ballon dans le panier, il sentit une main le secouer et sortit de son rêve avec un mouvement de recul et les poings en avant. Aziz se recula d’un bond. Mauvaise attitude se dit Karim. - Excuse moi. Un mauvais rêve. C’est l’heure ? - Le temps que l’on retrouve le pavillon, et ce sera l’heure. Karim regarda sa montre. 6H15. En effet, c’était l’heure. Il s’étira et descendit du quai comme les camions entamaient leur première rotation. Ils se faufilèrent entre eux et rattrapèrent rapidement les allées piétonnes du complexe hospitalier. Ce fut Aziz le plus prompt à retrouver le chemin. Karim se doutait qu’il n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Comme depuis un paquet de nuits. Il le voyait aux soubresauts nerveux qui secouaient son visage. Bientôt ils virent le pavillon. 6h35. Un poil trop tôt. Karim retint Aziz par le bras et lui fit non de la tête. - C’est l’heure il y a le plus de soignants dans un service, Aziz. C’est la relève. Attends moi ici et surveilles ton portable. Je vais faire l’innocent. - L’innocent ? - Le nouvel arrivant qui cherches les vestiaires. Ça marche toujours. Avec un peu de chance, je croiserai les militaires et je t’appelles. - D’accord. Karim se lança vers l’entrée du bâtiment au même moment une jeune femme arrivait. C’était sa chance. Elle lui ouvrit la porte et il s’engouffra à l’intérieur du pavillon Roland Garros. Il n’eut aucun mal à trouver son chemin. Quelque part tous les hôpitaux se ressemblent. Les chambres. La salle de soins. La salle de décontamination. Les commodités. Le bureau infirmier. Ce dernier était bien une ruche à cette heure ci. Il hésita à frapper mais il fut repéré avant qu’il en ait le temps. - Bonjour, je suis Hicham Etudiant infirmier. Je voulais savoir où je peux me changer ? L’infirmière qui l’avait vu en premier regarda le planning les sourcils froncés. - Je n’ai pas de Hicham. T’es sûre que t’es chez nous ? - Je suis en réanimation. - Oh mon pauvre. Faut que tu retournes sur la tour. Demandes à l’accueil, ils te diront. Si tu cours t’as une chance. - Oh. Merci. - Pas de ce côté ! Trop tard. Le travail de couverture était fait. Et Karim savait exactement vers il s’engageait. Il sentit son portable vibrer mais ne s’arrêta pas devant la porte sans surveillance de sa belle sœur. Sauf quand il se rendit compte qu’elle était vide. Merde. Merde de merde. Il prit son portable pour dire à Aziz d’êre vigilant mais trouva le message de sa part qui lui disait qu’ils l’attendaient avec Juliette dans le hall. Victoire. En sortant, il croisa les deux militaires de relève sans doute. Il baissa le regard. Il baissa le regard mais retint ce qu’ils lui dirent. - Prenez en soin, s’il vous plaît.
Le gardien - 19
L’ANTIDOTE
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