Punaise ce qu’il faisait chaud. Une chaleur étouffante. Sans un brin d’air. Il n’appelait plus cela canicule mais pic de chaleur. Peu importe la terminologie, il faisait une chaleur à crever. Et maintenant que Karim se retrouvait entre les pierres blanches du plateau de Poitiers, cette chaleur semblait s’être décuplée. Bordel, il fallait qu’il se remette au sport. Les sessions épisodiques avec Noé et Stéphane ne suffisaient plus à compenser ses excès alimentaires. Merde. Il crevait de chaud. Quand il entra dans l’église Sainte Radegonde, il ne savait pas pourquoi il n’avait pas bu toute l’eau bénite. La sueur ruisselait dans son dos. Et ses nerfs étaient à vif. En un mot il était sur le qui vive. Il avait réussi à rejoindre Dagnan à la fin de son service. Et avait dormi dans sa voiture jusqu’à ce qu’il suive son travail de paysan. Apporter de l’eau au bétail. Lancer les systèmes d’irrigation de ses plantations et puis revenir regarder le journal de TF1. La première alerte avait été de le voir prier et se signer avant de commencer son repas. Surtout qu’il vivait seul. Il eut envie de pénétrer dans la maison, histoire de savoir s’il ne s’agissait pas de l’un de ses intégristes catholiques qui refusaient toute idée de modernité et donc le voyage spatial. Il se ravisa pour quelque chose de bien plus parlant. Il laissa Dagnan s’éloigner avec son énorme tracteur harnaché d’un pulvérisateur qu’il venait de remplir et, une fois le bruit du tracteur suffisamment lointain, il s’aventura dans son hangar. Il découvrit sans mal que l’agriculteur utilisait des pesticides et des insecticides qui allaient lui filer le cancer sous peu. Karim les prit en photos et se retrouva comme un con dans sa Dacia. A quoi cela allait lui servir ? Franchement à quoi ces photos de merde allaient lui servir ? - Ouais, c’est moi. - T’es où ? - Sur un truc. Pour Ibrahim. - Je t’attends pas alors. - Non. - Ok. A… - Attends, est ce que des produits bio peuvent être traiter avec des pesticides ? - Bien sûr, ça dépend juste de la molécule, mais oui. - Merci. - De rien. - Fais gaffe Don Quichotte. - Promis. Une fois raccroché , Karim prit son smartphone et discrètement retourna dans le hangar. il scanna les deux QR Codes des pesticides pour avoir leur pedigree. Et il comprit. Ces trucs détruisaient tout. Tout ce qui était nutritif. Certes il n’apparaissaient pas. Ou tout du moins en quantité suffisante dans le volume d’eau qu’ils produisaient. Putain. Ce type fabriquait de l’eau. Et la vendait au prix du maïs bio. Karim allait commencer à fouiller plus avant dans le hangar lorsqu’il entendit le bruit du tracteur. Il fila direct jusqu’à sa Dacia et dix minutes plus tard, il suivait Dagnan jusqu’à Sainte Radegonde. Et il crevait de chaud. Il vit Dagnan se signer et filer droit vers l’autel. Karim choisit le pose du touriste et mitrailla les vitraux et tout ce qu’il trouvait beau. - Monsieur ! - Oui ? - Pas de flash s’il vous plait, cela abîme l’oeuvre de Dieu. - Oh, excusez moi. Karim coupa son flash et se rapprocha petit à petit des deux lascars. Et quand il tourna son appareil photo, il vit clairement ce que Dagnan donnait au prêtre. Des euros. Et en grande quantité.
Mission Mars - 13
L’ANTIDOTE
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