NoétrouvaitIbrahimparticulièrementsurexcitéàl’idéedereprendreson boulot.Celacorroboraitcequ’ilpensait.Etilpensaitqu’ils’étaitpasséquelquechose dansl’anciennecaserneduPontAchard.Quelquechosequ’unréfugiédeguerresouhaitait oublier.Un truc sérieux, donc.Stéphanel'avaitaccueillilesbrasouvertsetl’avaitdévisagéavantdeleserrerdans ses bras.C’était plus que son employé, c’était évident.- Alors, comment tu te sens mon grand ?- Bien. Je me sens bien patron.- Noé m’a dit qu’ils vous avaient particulièrement perturbé ? Tu tiens le choc ?- De vous revoir, de revoir mon magasin, ça me fait le plus grand bien !- Et bah écoutes, rentres mon grand, t’es chez toi !Legosses’engouffradanslemagasinetdisparutàlavuedeNoéetStéphane.Stéphanevit àlatêtedeNoéquetoutn’allaitpasaussibienquesoncousinvoulaitlefairecroire. Ill'entraînaunpeuplusloinverslamairieetilss'installèrentàl’écartdeslycéens assisdecidelàenattendantleurpremiercoursdel’aprèsmidi.Letempsétaitclément. Une petite brise rafraîchissante rien de bien grave. Quand ils furent face à face, ce fut Noé qui ouvrit le bal.- Il s’est passé quelque chose là-bas- Oui, y a un type qui s’est fait tué. Et ils se sont fait entraînés dans un cycle anormal.- Je te parle pas de ça. Ibrahim a changé.- Changé ?- Ce n’est plus le même.- Plus le même ? Comment ça ?- Il est devenu irritable. Il n’accepte aucune question sur l’expérience. Ce ne lui ressemble pas.Stéphanetournalatêteverssonbouclardetremarquaqu’Ibrahimn’avaitpasalluméles lumières.Nimisenroutelacaisse.Cen’étaitpassonstyle.Etpuisill’avaittrouvé particulièrementjovial.Çaneluiressemblaitpaseneffet.Ilétaitdugenreàfaireles chosesansbruit.Etnejamaismontrersesémotions.Parcequ’ilsavaitqu’ellepouvait luicoûterlaviesousd’autreslatitudes.D’autreslatitudesqu’ici.Alorspourquoifaire fi de tout cela maintenant ?- T’inquiètes Noé, je vais lui parler.-Soisprudent.Ilmefaisl’effetd’unanimalàfleurdepeau.Vasavoircommentil réagirait si tu le poussais dans ses retranchements ?- T’inquiètes, je t’ai dit, files.Stéphanepritletempsdesaluersonamietdelevoirmonterdanscapturavantdeprendre l’avenuedelaFraternitéetdedisparaîtreàsavue.Puisilrestaassisàprendrel’air, histoirederéfléchir.Ibrahims’étaitengagédansl’expérienceduPontAchardavecla naïvetéretrouvéedeses18ans.Etilavaitétéprésentlorsd’unmeurtre.Unmeurtrede touteévidencecommisparquelqu’unqu’ilconnaissait.Qu’ilcôtoyaittouslesjours.Un autre membre de l’aventure.Et il savait.Oui.C’était la seule explication rationnelle qui pouvait expliquer son comportement.Il savait qui avait tué l’agriculteur.Putain .Comment aborder ça ?Ilrespiraungrandcoupetserésolutàretourneràsonbouclard.Ils’attendaità trouverIbrahimentraindefairelescomptesmaisilletrouvafigéfaceàl’entrée.Ce qui expliquait que rien n’ait été allumé.- Qu’est ce qui t’arrives mon grand ?- Le bio. Les produits bio en tête de gondole. C’est un signe patron.- Un singe de quoi ?- Qu’on est en danger.