Rose et Stéphane avaient pris leur vendredi et sortaient juste du Bateau Ivre il s’étaient copieusement restauré. Le soleil brillait faiblement mais ils n’avaient pas froid. Il arrivèrent au berlingo coincé dans la multitude de voitures garnissant le parking du restaurant officiel du C.H.U. de Poitiers. Ils ne les connaissaient pas mais ils savait qu’ils avaient mangé entourés de médecins et d’infirmières. L’ambiance y était feutré et quelques éclats de voix seulement célébraient une thèse ou décompressaient d’une nuit harassante. Il avait parlé à Karim de ce resto. Il lui avait dit que ce n’était pas son monde. Facile à comprendre. Même une bière coûtait davantage ici qu’ailleurs. Bien sûr elles étaient toutes spéciales. Pas de kro ou de Grim ici. Seulement des bières de petits brasseurs. Un truc de bobo en somme. A vrai dire Stéphane et Rose s’en était complètement contre foutu. Ils avaient bien mangé et bien bu dans un cadre moderne et pourtant chaleureux. Il n’y avait pas tant de restos sur Poitiers qui pouvaient offrir cela sans vous saigner. - Où tu veux aller ? - Je sais pas. Et toi ? - J’irai bien au bouclard pour savoir si Ibrahim n’est pas en difficulté. - Fous lui la paix. - OK. On va écouter Romain ? - Qui ? - C’est vrai. Je t’ai pas dit. Stéphane lui brossa rapidement le tableau des nouvelles activités qui occupaient le quartier le temps de revenir à son appartement, lui disant même que le kébab lui fournissait maintenant son pain. Du vrai pain comme Yvan en faisait. - Tu le déclares au moins ? - Boah, ouais. - Putain , après tout ce que tu as vécu tu fais confiance au premier gourou venu et tu ne trouves pas louche qu’il te serve ce que tu veux sur un plateau. - J’y avais pas pensé. Disons que j’ai pas vu les choses comme ça. - Tu les as vues comment alors ? - Comme de l’entraide. De l’entraide dans le quartier. Yusuf , si je déclare le pain qu’il me fait devra se déclarer comme boulanger. Et tu sais ce que ça veut dire. - Oui. Ne te laisse pas endormir quand même. Tu sais que ces gens ont toujours quelque chose derrière la tête. - Parano - Candide. Stéphane actionna le portail de sa résidence et se gara sans difficulté.Tout le parking était vide. Ils descendirent ensemble mais seul Stéphane avança. - Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ? - Rien. On fait un tour et on passe voir Ibrahim ? - Ah, tu vois, toi aussi ça te travailles. Ils passèrent par le parc puis tournèrent à gauche boulevard Marat. Stéphane tentait d’expliquer que Romain avait réussi à mobiliser tout le quartier et que celui ci était devenu à la fois plus tranquille et plus solidaire. Les gens apprenaient à se connaître et les portes restaient souvent ouvertes sans que rien ne disparaisse à part la peur. De son côté, Rose lâchait de temps en temps un petit borboryghme d’approbation tout en gardant les yeux levés vers les appartements. De ce côté, rien n’avait changé. Stéphane constatait que les façades n’avaient certainement jamais été repeintes. De grandes trainées dus à l’accumulation du mauvais temps et des années maculaient certaines parties des immeubles. - Qu’est ce qu’il y a ? Qu’est que tu regardes comme ça ? - Et toi ? - Les dégâts du temps. Tu ne réponds pas à ma question. - Tu ne trouves pas ça bizarre tous ces appartement vendus ? On a l’impression que tout le quartier vient d’être vendu. - C’est la loi de Robien. - Tu veux m’apprendre mon métier ? Je connais la loi. Ce que je ne comprends pas c’est le nombre.
Un nouveau Saint Eloi - 13
L’ANTIDOTE
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