Après une heure d’attente dans le hall d’accueil du commissariat central, Karim se vit enfin appelé. Entre temps, il avait pu voir que les policiers ne chômaient pas. Enfin certains. Parce qu’il ne pouvait pas dire que les deux à la machine à café avec leur vapoteuse n’avait pas changé de place depuis son arrivée. Sans doute une enquête d’importance à évoquer. Ou tout simplement un retour de vacances. - Monsieur ? - Oui, je viens pour faire renouveler mon permis de conduire et ma carte d’identité. - Ah. La policière s’attendait de toute évidence à autre chose. Mais non, depuis plusieurs semaines, la vie ronronnait dans la famille Jaïsh. Jasmine grandissait à vue d’œil et aucune embrouille n’était venue polluer leur vie depuis l’affaire des OQTF. Et c’était heureux. Pour une fois ils avaient eu le temps de planifier leurs premières vacances. Et ce serait le Maroc, l’Alma mater de la famille de Aïsha. Elle y avait encore de nombreux membres de sa famille, ce qui avait facilité l’hébergement, l’organisation des sorties et la prise des repas. Seulement il lui fallait un passeport, à Karim. Et quand il s’était présenté à la Préfecture on lui avait dit que sa carte d’identité était périmé et qu’il devait la faire refaire. Dans la foulée il avait présenté son permis de conduire. La guichetière lui avait ri au nez, sensation désagréable. Alors il s’était déplacé aujourd’hui au commissariat, parce qu’il ne voyait pas il aurait pu aller. Devant lui, la policière en faction regardait dans ce qui ressemblait à un manuel des choses à faire. De toute évidence, elle cherchait était écrit comment aider Karim. Finalement elle prit son téléphone et appela un collègue. L’échange fut court. Et elle piqua un fard à la fin. De toute évidence elle venait de se faire rembarrer, ce qui ne rassurait pas Karim. - Vous voulez les anciens documents ? - Je suis désolée monsieur, mais la carte d’identité doit être renouvelée auprès des services de la mairie et la permis de conduire auprès de ceux de la Préfecture. - Ah. Bon je vous remercie. - A votre service , monsieur. Bonne journée. L’enfer de l’administration française. Karim rangea son portefeuille et soupira un grand coup avant de penser à son passeport, il fit volte face pour demander à l’agent se faisait les passeports mais sa place était déjà prise. Comme la tension grimpait dans ses artères, il prit une profonde inspiration et pensa au sable marocain, histoire de ne pas perdre de vue la finalité de la chose. - Aïsha ? - Oui ? - Dis au commissariat ils m’ont dit d’aller à la mairie pour ma carte et à la prèf’ pour mon permis, je risque d’être en retard pour manger. - Karim…. Qu’est ce que tu fais au commissariat franchement. - ben je croyais que… - Y’a un truc cool depuis quelque temps accessible depuis ton portable, même. - Quoi ? - Internet, ballot -Ok. Je vais y penser. - Pense pas trop, ça te réussit pas. -Hein,hein,hein… - Allez courage l’aventurier des services administratifs. A tout’. Au moment la porte automatique s’ouvrait, il avait déjà regardé sur son portable et vit que le passeport, c’était aussi la Préfecture. Bordel. Elle aurait pu lui dire, l’autre. Il cherchait les clés de la Dacia, lorsqu’il entendit son nom. Il se retourna et vit un agent en uniforme lui faire signe de s’avancer vers lui. Dire que la journée s’annonçait bien…
La peine capitale - 01
L’ANTIDOTE
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