A cette heure 5 heures du matin le marché de Rungis ressemblait à une immense foire d’empoigne. Ca criait, se bousculait, et les odeurs de poisson se mêlaient à celles des légumes. Très vite Stéphane réussit à identifier la topographie des lieux. Passé cette impression de chaos, il nota les différentes zones clairement délimitées chaque « spécialité » était amené à présenter ses produits. Il traîna un peu dans le rayon charcuterie et prit même le temps de s’acheter un saucisson qu’il commença à manger pour calmer la fringale qui le gagnait. Tout autour de lui les produits s’étalaient comme tout droit sorti d’une corne d’abondance. Déjà les premiers clients faisaient leurs achats. Les produits de la mer semblaient être assaillis. De son côté, les fruits et légumes se voyaient eux aussi de plus en plus sollicités. Stéphane commença d’abord par observer. Il vit alors ceux qui vendaient et ceux qui étaient ignorés. Alors ils repéra un peu mieux à qui il avait affaire. Il finit par se jeter à l’eau une fois son estomac rassasié. - Bonjour. - Bien le bonjour . Qu’est ce qu’il veut ? - Je sais pas trop. Des renseignements pour commencer. - Et quel genre de renseignement ? - Comment vous faites pousser vos légumes ? - Avec de la terre et de l’eau. - Pas d’engrais ? - Oh le vilain mot. - Hum. Agriculture raisonné ? - Agriculture raisonné comme il dit. - Le poireau, vous me le faites à combien ? - Ca dépend la quantité qu’il prend. - Une demi douzaine de bottes. - Hahaha ! Il s’est trompé de marché ! C’est le gros ici. Pour ses emplettes je lui conseille de voir mes clients. Et le maraîcher de lui tourner le dos et de se rapprocher d’un autre client qui lui tendait un papier. Stéphane s’éloigna de son étal et se mit à flâner en se demandant s’il était bien à sa place. Oui. Peut-être. Peut-être devait il se résoudre à contacter PoitouDiffusion. Eux au moins lui fournirait ce qu’il faut dans la quantité qu’il voulait. Il chassa cette idée fataliste en se rappelant la nature exact de leur façon de faire des affaires et commença à voir fleurir des étals tous bardés de vert et flanqué d’un « issu de l’agriculture biologique ». Voilà qui s’annonçait intéressant. Les étals étaient trois fois moins imposant que celui de l’entrée de l’espace maraîcher. Il commença par voir que les fruits et légumes étaient encore dans leur jus ; la terre, se répandant jusque dans l’allée. Les odeurs étaient plus fortes. Et les produits plus petits. - Combien pour la botte de poireaux ? - Vous en prenez combien ? - Un cageot. - Un cageot ? Je vais être honnête, je veux bien vous les vendre mais j’espère que vous vendrez assez de soupe dans les 48 heures. - Pourquoi ? - Pas de conservateurs. Pas de chambre froide. Passé ce délai vous pourrez en faire du compost. - OK. Tant pis. Merci. - A votre service. Alors qu’il s’enfonçait plus avant dans les allées, il commençait à comprendre qu’il ne trouverait rien. Soit il était trop petit, soit sa clientèle était inapproprié. Ce qui était un comble, c’est que Rungis faisait figure de caverne d’Ali Baba pour les restaurateurs et les magasins. - Vous cherchez du bon vous. - Pardon ? - Z’êtes pas comme les autres. - Qui êtes vous ? - Le type qui va vous faire gagner de l’argent.
La peine capitale - 06
L’ANTIDOTE
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