Toussaint Ouedraougo vivait dans le quartier d’Oberkampf. Un quartier vivant la vie nocturne était aussi intense que la journée. Un endroit les parisiens aimaient à se retrouver autour d’un verre et refaire le monde. L’ambiance y était majoritairement bon enfant et les doubles vitrages de l’appartement de son oncle laissait à Noé la possibilité de discuter avec lui. Bien sûr Toussaint Ouedraougo avait été surpris de l’invité surprise mais très vite ils avaient entamé des grandes discussions sur la situation de l’Afrique noire et des enjeux auxquelles elle était confrontée. Noé et Karine étaient sortis avec sa tante, Zundi, dès le samedi après midi et ce que Noé croyait devoir nécessiter une explication et des excuses s’était révélé un bienfait pour son oncle. Ils avaient pris le métro puis le bus jusqu’à Montmartre et avaient gravi les marches du Sacré Coeur. Ses filles avaient râlé mais n’arrêtaient de mitrailler Paris et le monument depuis qu’elles avaient franchi la dernière marche. Vers midi, ils sortirent les sandwichs et se posèrent sur l’un des nombreux bancs. - c’est ici qu’ils ont tourné le fabuleux destin d’Amélie Poulain. C’est beau, non ? - Magnifique ma tante. Comme toute cette ville d’ailleurs. - Ca se voit que vous n’y vivez pas ! - La nouvelle municipalité ? - Non. Le gigantisme. Difficile de ne pas devenir indifférent à son prochain quand vous êtes entouré de tant de personnes. - Le village vous manque. - Oui. De plus en plus. - Vous devriez venir à Poitiers. - Peut-être. - La vie et la ville n’ont rien à voir avec celle de Paris. - Je n’en doute pas ! Zundi Ouedraougo croqua dans son jambon beurre en regardant la capitale en contre bas. Un silence apaisant se fit jour. Noé regardait ses filles arc-boutées sur leurs portables, le sourire aux lèvres en train de partager leur voyage. Oui. Après tout peut-être. Peut-être que ces engins pouvaient être utiles et vraiment créer du lien. - Vous ne mettez aucune photo de vous, hein ? - Papa ! - Non papa, regardes. La petite lui montra une photo trafiquée ou le sacré cœur ressemblait à un cœur et elle à une espèce d’animal avec des oreilles de lapin. Il y avait vraiment une génération entre eux. - Dis moi Noé, qu’est ce qu’il vient faire ici, Fazaume ? Voilà. On y était. Le moment de la grande explication. Noé s’essuya avec le morceau d’essuie tout que lui avait donné sa tante et but une gorgée d’eau pour s’éclaircir la voix. - C’est lui qui a demandé à venir. - Tu aurais pu nous prévenir. - Vous auriez accepté ? - Tu marques un point. - Comment va Ibrahim ? - Il a bien changé. -Comment ça ? - Il s’est lancé dans le combat. - Le combat ?
La peine capitale - 08
L’ANTIDOTE
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