- Tu es sûr ? - A 100 % - Bon. C’est toi qui voit. - C’est tout vu. Et Stéphane avait raccroché pour entrer dans le marché de Rungis. Il était à peine 5 heures du matin et il avait passé la nuit à réfléchir à la proposition du type qui l’avait alpagué la veille. Celui ci lui avait fait rencontrer une bonne dizaine de producteurs labellisé « ecoreposonsable ». Tous avaient des produits de première qualité. A tout le moins pour ce qu’ils en montraient. Seulement aucun ne disposait de moyen de livraison qui auraient facilité la vie de Stéphane. Chacun lui avait expliqué que, compte tenu de la conjoncture et de leurs engagements, la livraison faisant grimper leur empreinte carbone, ils ne pouvaient pas se permettre de lui apporter jusque sur le pas de son bouclard les fruits et légumes. Une belle arnaque. De toute façon la totalité produisaient dans le Pas de Calais, le bassin de Saint Omer une sorte de Venise verte des chtimis. Autant dire qu’il avait dit qu’il allait réfléchir. Et c’est ce qu’il avait fait. Il avait réfléchi en continuant à se balader dans les allées de Rungis jusqu’à se perdre. Lorsqu’il sortit de sa tête ce fut pour sentir les fragrances exotiques de bananes et d’ananas. Devant lui s’étalait sur une bonne dizaine de mètres, mangues, noix de coco, bananes plantins, et autres patates douces. Et devant le logo de ce label en forme de symbole asiatique mais en bleu et vert au lieu du noir et blanc. Il avait pris une banane et l’avait regardé et palpé. Elle ne sortait pas d’une chambre froide, un bon point. Il prit un régime entier et constata qu’elles étaient toutes en parfait état. Un homme rondouillard vint à sa rencontre dès qu’il eut reposé le régime. - Elles vous plaisent ? - Elles ont l’air appétissantes. - Allez y prenez en une et goûtez ! Allez y. - Je ne voudrais pas vous… - Vous inquiétez pas allez y ! Dès la première bouchée Stéphane eut l’impression de découvrir une nouvelle variété de fruit. Le goût était indescriptible. Un vrai feu d’artifice marqué de touches épicés et un goût sucré incomparable. - Waouh ! Et vous produisez ces bananes sans engrais ni pesticides ? - Et sans irrigation. Tout est au gré du temps. - Je savais pas que.. Vous venez d’où au fait ? - Moi ? De Pantin. Mais mes fruits sont ceux de ma famille. Au Nigérion. - Vous devez avoir une sacré empreinte carbone. Bizarre qu’ils vous aient laissé utiliser leur logo. Noé finit sa banane en pointant du doigt le logo du label écoresponsable. Le type sourit et leva la main pour lui demander d’attendre. Le type se baissa et Stéphane l’entendit marmonner avant de réapparaître avec un dossier épais comme celui d’un prévenu récidiviste. - Je suppose que vous voulez pas tout lire. Alors tenez. Stéphane attrapa la feuille par dessus l’étalage et constata que l’empreinte carbone était inférieur à 1 tonne par mois. - Comment vous faites ? - Je les fais venir avec les migrants. Stéphane dut se décomposer car le type explosa de rire. - Non, non, détendez vous. Je ne peux juste pas en parler cela fait partie de mon procédé d’entreprise. Mais puisque c’est vous je peux vous dire que j’ai beaucoup de perte et ne me sert que du vent et des courants pour qu’ils arrivent. - Vous êtes en mesure d’en proposer tous les jours quand même ? - Non. Bien sûr que non. Cela ne faisait pas les affaires de Stéphane. Lui avait besoin de produits frais chaque jour. - OK. Vous êtes là demain. - Si Dieu le veut. - Alors à demain. Il faut que je consulte ma direction. - Ah les femmes… - C’est ça ! - A demain mon ami. Et le type de lui tendre la main. Stéphane la saisit et lui fit signe qu’il reviendrait demain. C’est-à-dire aujourd’hui. Seulement aujourd’hui, à la place des mangues il y avait des noix de pécan et des raisins secs. Pas vraiment le même trip. - Excusez moi, j’ai du me perdre , je cherche le vendeur de fruits du Nigérion. - Cherchez pas. Il s’est fait expulsé. - Expulsé ? Mais pourquoi ? - Regardez pas la TV vous.
La peine capitale - 09
L’ANTIDOTE
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