- Tourne à droite ! A droite !- Oui ! Oui ! Pas la peine de me crier dessus , tu vas faire pleurer Jasmine.Karimprislevirageà90°enbasdeSyrinxunpeutropetmorditsurletrottoir.Il accélérapourretrouverlesbergesduClain.Larueyétaitparticulièrementétroiteet ilssavaienttouslesdeuxqueleS.U.Vquis’étaitcolléaprèseuxdepuisqu’ilsétaient partisnepourraitpaspasser.KarimetAïsharestèrentsilencieux,lesyeuxrivéssurles rétroviseurs.BientôtilsvirentleS.U.V.américainseretrouverbloquéentredeux chicanesetcommencersamarchearrière.Sansdoutesavaientilsqu’ilspourraientles retrouverunpeuplusloin,auniveaudufeudeMontierneuf.Karimaccéléraencoreet réussitàrejoindrel’autrecôtéduClainsansvoirleurspersécuteurs.Lesfeuxétantau vert,ilpassalaPortedeParisàlavitessemaximaleetentamalamontéejusqu’aux Couronneries.AzizetChristellehabitaientunpavillonversleLeclercducentrede Buxerolles.Quandilssegarèrentàunebonnecentainedemètresdel’habitationdeleur famille, Aïsha et Karim furent rassurés. Ils avaient réussi à semer leur pot de colle.- Tu crois que c’est lié au type que tu as ramené avant hier ?-Jecroisquec’estpossible.CommejesaisJeancapabledenouscollerdesanges gardiens.- Mouais. On n’est plus libres, quoi. Qu’est ce qu’il a fait ce Fazaume ?- Il s’est fait déchoir de la présidence du Nigérion.- Rien que ça.- Rien que ça.- Et qu’est ce qu’il faisait dans notre salon ?- Si seulement je le savais.- Favreau t’as rien dit ?- Bof, pas vraiment.- Vous lui faites trop confiance.- Je te rappelles qu’il vous a sauvé les miches il y a encore peu.Aïshatiquaimperceptiblementmaisneditrien.CelafitsourireKarimcommeilprenait danssesbrasJasmine.Ilavancèrentdanslanuittombanteetsonnèrentàlaportedeleur frère/beau Frère. La porte s’ouvrit aussitôt.- Vous auriez pu vous garer plus près, vous savez.- Ton beauf joue encore les agents secrets.- Oh. Allez y entrez.AïshaetKarimquittèrentleurmanteauetembrassèrentAzizetChristellecommeJasmine tendaitlesbrasversChristelle.Levisagedeleurbellesœurs’illuminaetellesaisit l’enfantpourlaposersursontorse.Jasminebabillaetgigotadebonheur.Ilquittèrent lehalletentrèrentdanslasalleàmanger.Depuislacuisine,l’odeurdeTajine emplissaitlelieud’unesaveurtouteparticulièrepourlesRamdane.Uneodeurenformede madeleinedeProust.Leurpèrefaisaitceplattouslesdimanches.Etc’étaittoujours délicieux. Pas de doute qu’Aziz ne soit à l’origine de la recette.- Ca sent super bon !- Je l’ai préparé comme papa m’a montré. J’espère que ce sera aussi bon…- J’en ai aucun doute beau frère !Ilss’installèrentàtableetChristelleproposaunapéritifquelesJaïshrefusèrent poliment.- De l’eau, ce sera parfait.Aziz revint avec une carafe et une bière pour lui.- Contente d’être de retour Christelle.- Oui. Oui, je reprend mes marques tout doucement.- Et le boulot ?- Mi temps thérapeutique.- Ca te convient ?- Oui. Oui ça me convient.- C’est le principal.- Merci d’être venu. On n’a vu personne depuis que je suis revenue.- Ca sert à ça la famille.- Et toi Aziz ?- La routine. Je suis sur un chantier au C.H.U. d’ailleurs.- LE PRC 2- Je sais pas peut être. C’est pour les cancers je crois.- Oui, c’est ça. Pas trop dur avec ce temps ?- Oh c’est pas ça le pire.- Ah bon ?- La moitié des gars sont partis.- Pourquoi ?- Une histoire dans leur pays, ils étaient terrorisés quand leur président a été renversé.- Le président Fazaume ?- Oui, oui, c’est ça. Attends… tu le connais ?