Les choses prenaient un tour particulièrement glauque. Entre les infos que Noé lui avaient donné et le mail de Karim, Stéphane ne savait s’il devait vomir ou agir. Les images étaient particulièrement révoltantes. Et répugnantes. Et, comme Karim, il savait lire entre les lignes. Dans son dernier mail qui étaient ses dernières paroles Jean Claude Rabotin citait implicitement un homme. Saurier. Ce qui poussait à relier le mail avec les vidéos. Le visage n’était pas particulièrement net. Il ne laissait aucun doute pourtant. Saurier était père d’un garçon de 3 ans et d’une fille de deux ans. L’âge des gamins sur la vidéo. Il entendait encore leurs pleurs même s’il s’était pressé de supprimer ce contenu. La question était de savoir pourquoi Rabotin avait tu ce secret qui l’aurait pourtant propulsé au sommet de la chaîne alimentaire du Crédit Populaire. Bordel. Stéphane n’avait pas de réponse. Et pas de temps pour creuser la question. Il attendait encore de recruter. La conjoncture ne lui était pas favorable. Un boulot payé au SMIC +10 ne faisait pas rêver. Même dans la distribution. Casino ou Auchan proposait bien plus pour moins de responsabilité et d’heures. Alors il allait devoir déléguer. Déléguer à une personne de confiance. Qui lui permettrait de savoir pourquoi Rabotin avait préféré la mort à l ‘argent. - Rose ? - Quoi ? - J’ai besoin d’un recherche internet. - Oh. - Ouais. - Qui ? - Saurier Jérôme et Rabotin Jean Claude. - Sûr ? - Dis moi ce que tu trouves. - Je te rappelles dans cinq minutes max. Hé ? - Oui ? - Tu es mon héros. Je t’aime. - Cherches. - Chef oui chef. Bisous. Rose ne savait pas. Elle ne savait pas ce qui s’était passé. C’est pour ça qu’elle réagissait aussi légèrement. Stéphane lui, n’arrivait pas à s’enlever les images de sa tête. Putain. Comment pouvait on en arriver là ? Était ce ce qu’il avait subi ? Était ce ce qui le faisait bander ? Impossible à savoir. Et à vrai dire, Stéphane n’en n’avait rien à foutre. Il fallait éloigner ce type de ses enfants. Vite. Très vite. Alors qu’un client lui payait sa boisson énergétique, il pensa à quelqu’un. Quelqu’un de si transparent qu’il pourrait voir la vérité sans la révéler. Il prit son portable et commença à composer son numéro lorsque son fixe sonna. Rose. - Virement de 100 000 € la veille de sa mort. Tout est légal. Un lègue pour sa fille. - La fille de qui ? - De Rabotin, couillon. Elle a la maladie de Charcot. On appelle ça un don universel. Tout ce qu’il y a de plus légal. - Et le donneur peut récupérer ses fonds. - Non. Jamais. - OK Merci pour ta recherche. - Hé ? - Oui ? - Fais pas le con. C’est une grosse somme. Tu sais ce que cela implique ? - Évidemment. A ce soir. Je t’aime Stéphane encaissa encore une boisson énergisante et se retrancha dans sa panic room. Parce qu’il commençait à comprendre. Et que personne ne les croiraient lui, Karim ou Noé. Il fallait un élément extérieur. Alors il composa le numéro. Deux sonneries et l’appel s’ouvrit. - Oui ? - Jean ?
La mort de Rabotin - 15
L’ANTIDOTE
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