Noé était perdu. Paris, même découpé en arrondissements, restait gigantesque. Cela faisait une bonne heure qu’il avait quitté Montparnasse et pourtant il ne trouvait pas ce foutu 16ème arrondissement. Il se faufilait dans le métro à la recherche de la bonne station jusqu’à s’épuiser. Il finit par demander à un quidam qui l’ignora ostensiblement. Au final, il ne dut sa découverte qu’à un plan. Un plan de la ville avec les noms des rues. Station Gauguin. Il descendit à cette station et remonta presque l’intégralité des Champs Élysées. Dieu que c’était long. Sur son portable, les mêmes messages d’alerte de Jean. Il ne pouvait que les ignorer. Karim avait été clair et sans appel. Sa femme saurait. Il n’ y avait pas d’alternative. Aussi quand il se trouva devant le digicode de son appartement il n’hésita pas une seconde. Saurier Julien. Appartement 23. - Allô ? - Bonjour. Mme Saurier ? - Oui. Que puis je pour vous ? - J’aurai des certitudes à vérifier avec vous. Des certitudes sur votre mari. - Mon mari ? Mais qu’est ce qu… - Accordez moi cinq minutes et vous comprendrez tout. - Et mes enfants ? - Accordez moi ce temps, Mme Saurier. Vos enfants ont tout à y gagner. - Troisième étage porte de gauche. Noé, une fois le pas de porte franchi n’y alla pas par quatre chemins. Il accepta le thé de Mme Saurier et avant qu’il n’ait eu le temps de refroidir il l’exposa aux vidéos que Saurier lui avait légué. Son visage se crispa. Un pointe de rouge orna ses joues puis elle repoussa le portable. Et tourna la tête vers les chambres de ses enfants. Elle se leva sans que Noé ne dise rien et les ferma consciencieusement. - Mon mari est soumis à de grosses pressions ces temps ci. - Et cela explique son comportement ? Julia, puisque c’était son prénom respira un grand coup puis but une petite gorgée de thé. Elle semblait peser ce qu’elle avait à dire. Pour Noé c’était pourtant simple. Son mari était coupable d’actes pédophiles. Et si elle aimait ses enfants elle ne pouvait que les dénoncer. Bordel. Des aveux. Un témoin. Le témoin. Voilà ce qu’elle était. Malheureusement, elle tourna la tête vers Noé. Oui. - Est ce arrivé récemment ? - Oui. - Depuis que vous lui avez tordu la main pour le LDL. - Vous savez qui je suis alors ? - Bien sur. Et ce que vous ne savez pas c’est qu’il doit des comptes. - A qui ? Notre banque est mutualiste. - Oui. Je sais. Je suis bien placé pour le savoir. - Comment ça ? - Je suis juré à la cour des comptes. - Oh.
La mort de Rabotin - 19
L’ANTIDOTE
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