La soirée s’écoulait gentiment. Depuis la prise de son service il y a 4 heures, Karim n’avait à s’occuper que de traumas bénins. Retournement de doigts, entorses, luxation d’épaule. A croire que le COVID, ou tout du moins les gestes barrières avaient fait disparaître les pathologies infectieuses. Il y avait bien eu l’épidémie de bronchiolite, mais c’était du passé aujourd’hui. Il était donc dans la salle de pause à surfer sur le net en attendant ses collègues pour prendre leur pause. 19h. C’était l’heure. Les plateaux avaient été servis à ceux qui pouvaient manger et tout ce qui lui restait d’ici la fin de son service était une série de constantes chez une grand-mère qui avait fait une chute sans conséquence. Il en venait presque à s’ennuyer. En baillant, il mit son plat pour le réchauffer dans le micro onde quand la porte s’ouvrit sans ménagement. - Au déchoc’ Karim Branle bas de combat, il arrêta séance tenante tout ce qu’il faisait et partit en courant dans les couloirs des urgences et, une fois dans la salle de déchoquage il exécuta avec dextérité tout ce qui devait être fait pour rendre la pièce opérationnelle et attendit à peine trente secondes avant de voir un homme dans ses âges, inconscient avec deux énormes garrots juste au dessus des poignets. Tentative de suicide pas phlébotomie. - K, prépare moi deux pansements américains - Pas le temps, je vais le recoudre. - Mais ca pisse le sang, faut le faire au bloc. - 5/ 2, ca te parle ? Pas le temps. Pose lui une voie d’abord et remplis avec du G5 et toi Karim scope le, et prépare moi un set ! Vite Karim brancha les électrodes et le brassard et actionna le dispositif sur l’homme puis se tourna vers la paillasse pour rassembler le kit de suture. Gants. Compresses stériles. Bétadine alcoolique. Fil biodégradable Pinces. Ciseaux. Il s’approcha de Thomas, l’interne et lui pulvérisa les mains de S.H.A.. Le temps qu’il se frictionne il prépara les gants. Pendant ce temps sa collègue tentait tant bien que mal d’endiguer l’hémorragie. Quand il leva les yeux vers le moniteur la tension avait légèrement remonté. 7/4. Presque acceptable. - Laisse tomber Christine. Faut le transfuser. Karim tu prends sa place. Éponge moi ça et comprime là, juste au dessus de l’artère. Thomas lui montra, et les gants enfilés Karim s’exécuta. Tout autour de lui le sang s’était répandu. Il pataugeait presque. Christine revint à la vitesse de la lumière et fit le test de compatibilité et posa en dérivation la poche de sang. - Glasgow ? - Pas le temps, viens m’aider. Karim comprime l’artère sur l’autre bras où le garrot va amputer sa main. - OK Karim grimpa sur la table et se mit à cheval sur le patient à sa tête et comprima du mieux qu’il pouvait les deux veines sectionnées. Déjà Thomas et Christine suturaient le poignet droit.