Noé avait du mal à décrocher de son écran. Cela faisait deux fois qu’il laissait passer l’appel de Karim. Mais les enjeux étaient trop important. Bien trop importants. Ziad et Jérôme avaient extrêmement bien bossé. Il avait maintenant tout ce qui allait définir l’accès aux fonds des LDL. Un questionnaire en 20 points, un CV du porteur de projet. Et deux écrits. Un sur le projet. Deux sur les perspectives à moyen et long termes découlant de ce projet. Il finit par mettre un point final à sa synthèse et l’envoya à Ziad et Jérôme. - Messieurs, à vous de juger. Réponse attendus avant demain soir 19h. Je souhaite recontacter la secrétaire d’État à ce moment. Merci pour tout. Noé attendit quelque secondes la bonne réception de son mail puis, une fois cela acquis il ferma session et ordinateur pour aller prendre son ballon. Putain. Il y était. Enfin quelque chose de concret. Une preuve que le travail paie. Une preuve que les gens pouvaient faire autre chose qu’attendre un dividende. Changement de mentalité. Changement d’approche. Changement de philosophie. En plein dans le discours qui valait dans sa banque. En plein contre. En plein dans le mille. Il en était sûr. Il posa son ballon et regarda son téléphone. Karim avait essayé de l’appeler à deux reprises. Pas le temps. Sans doute pour une session. Et il n’avait pas le temps. - Jean Claude ? - Noé. - J’ai réussi. - Oh. Vous avez donc contourné la loi. - Pas du tout. J’ai fait du cousu main. - Du cousu main ? - Une sélection par projet. Vous savez que la sélection par projet relève d’un autre catégorie d’épargne et d’investissement. Vous le savez, rassurez moi ? - Oui. Je le sais mais dans le cas présent il y a une faille. Le plafond. - Le plafond ? - Seul les épargnants de premier niveau sont éligibles. - Pas de surenchère. - Et pas de blanchiment. Noé entendit clairement Rabotin fouiller dans ses papiers. C’était bon signe. Il s’attendait à ce que son poulain pousse plus loin son projet. Parce qu’il avait toujours foi en lui. Parce que la retraite approchait. Parce que l’on parlait de plus en plus de départ anticipé. Comme si on pouvait choisir de partir plus tôt avec moins. Parce que, il le sentait, il était pieds et poings liés avec leur patron dont les relations étaient bien trop étendues pour un homme de terrain qu’il n’avait jamais cessé d’être. Noé le savait. C’est pour cela qu’il ne lui était que reconnaissant. - Bon. OK. Mais je veux le transmettre moi-même. - Merci Jean Claude. Son fixe raccroché que son portable sonnait. Bon sang. La Secrétaire d’État. - Madame. - Non. Monsieur. Monsieur Lacorde. Accepteriez vous de me recevoir ? Je suis devant votre porte.
Robin des banques - 26
L’ANTIDOTE
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