Stéphane avait passé la mâtinée à essayer de joindre Noé. La veille au soir aussi. En fait depuis que Karim l’avait mis au courant de ce que lui avait dit Eric Picard. Puis il regarda l’heure. 6h15. Ouais. Un peu tôt pour obtenir une réponse. Devant lui, Rose remplissait les rayons et s’apprêtait à partir chercher pain et légumes. - Tu prends le berlingo. - Je vais pas y aller avec ma micra, ça c’est sûr. - Excuse moi. Rose resta le regard fixé sur son homme avant de poser la boite de petits pois qu’elle tenait puis elle s’essuya les mains sur son tablier et fit les quelques pas qui la séparait du comptoir et de Stéphane. - Qu’est ce qui tourne pas rond ? - Rien. - Rien ? Tu m’as déjà fait le coup. - Disons que moins tu en sais mieux c’est pour toi. - Roh, putain, Stéphane arrête de tout dramatiser et crache le morceau. T’as pas tué le président ? - Non. - Bon alors je dois être capable de comprendre. Et d’assumer. - OK, comme tu veux. Stéphane s’ouvrit de tout ce qui s’était passé depuis le départ d’Ibrahim. L’arrivée d’Eric Picard. Ses troubles mentaux. Son licenciement abusif. Le projet de Noé. Lacorde. Et comment tout cela s’imbriquait sans que quoi que ce soit ne soit encore compréhensible si ce n‘est que des gens mal intentionnés essayaient de les effrayer, Noé et lui, en discréditant Eric Picard qui, lui, se trouvait dans une merde noire. Il n’osa pas cependant lui parler des menaces qu’Eric avaient formulé au sujet de Noé. Il ne pouvait se résoudre à lui faire aussi peur. Parce qu’elle comprendrait que lui, elle, et Eric étaient eux aussi des cibles. - Donc tu me dis qu’un nouveau mode de financement mis en place par la banque de Noé a poussé ton employé à vouloir s’immoler parce que son employeur le virait pour une machine et que l’entêtement de Noé faisait que Eric avait été agressé par un type qui se fait passer pour un inspecteur des impôts. C’est bien ça ? - Bien résumé en effet. - C’est quoi le nom de ce type ? - Le nom qu’il a donné est Lacorde. François Lacorde. - Bien. Tu vas chercher le pain et les légumes . Moi j’appelle l’Urssaf. - L’URSSAF ? Pour quoi faire ? - Pour connaître qui est ce gaillard. - Comment ? - Tu n’es pas le seul à disposer de réseaux. Je te parie que je connaîtrai le véritable état civil et l’employeur de ce type avant que tu reviennes. Files. Stéphane leva les bras en signe de reddition et prit les clés que lui tendaient Rose. Puis il jeta un dernier coup d’œil à son magasin comme pour s’assurer que rien ne clochait et s’engouffra dans son berlingo , direction Pois Tout Vert. Au feu du Saint Éloi son portable sonna. La vache, elle était vraiment efficace. - Alors ? - Alors Monsieur Peyroux, t’es dans la merde. - Hein ? - Ce type n’existe pas. Ni à New York, ni à Poitiers. - Il existe où alors ? - Je… attends y’a un client. J’te dis tout quand tu reviens. Le sang de Stéphane ne fit qu’un tour et les insultes volèrent lorsqu’il fit demi tour sauvagement pour foncer jusque son magasin. Quand il arriva la traînée de sang finit de lui glacer les veines.
Robin des banques - 27
L’ANTIDOTE
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