- Oui. François Lacorde. C’est le nom de son tuteur. Regardes si tu veux. - Et lui, je peux le voir ? - Hors de question, tu le sais bien. Et puis tu te doutes que ce n’est pas le moment de le faire flipper davantage. - Il est comment ? - A fleur de peau. Deux passages à l’acte en 24 heures. Là il dort forcément. - Merde. Son collègue lui tendit le dossier administratif d’Eric et Karim le parcourut en diagonale sans espérer y trouver grand-chose. Ce ne pouvait être qu’une coïncidence. Il tournait les feuillets à la recherche d’une photo ou d’un élément qui permettrait de le loger ou à tout le moins de le contacter. Il trouva les deux derniers et remit le dossier sur la table du bureau infirmier. - Café ? - Pourquoi pas. Karim suivit ses deux collègues dans la salle de pose et se posa comme un sac de patates sur la première chaise à sa disposition. Autour de lui, ça parlait congés, conditions de travail, et de certains cas un peu plus limites qu’il convenait de garder à l’œil. La routine, quoi. Cela le révulsa. Comme si ils ne saisissaient pas la gravité de la situation. Comme si ils ne faisaient qu’effleurer la vie des gens même s’ils prétendaient le contraire. En était il aussi ainsi pour lui ? Ce n’était pas le moment de se remettre en question. Il but son café et salua d’un sourire forcé des collègues qui le regardèrent quitter le pavillon avec des points d’interrogation à la place des yeux. Forcément. Tant qu’on est pas dans la merde, on peut toujours la soigner, on ne la vit pas. La Dacia était garé à 200 mètres. Le temps de lancer google maps et de trouver exerçait François Lacorde. Il composa le numéro une fois au volant et lança le moteur en même temps que le blue tooth. A la deuxième sonnerie, une voix de baryton résonna. - Oui. François Lacorde. - Bonjour, excusez moi de vous déranger, je suis Ibrahim Mektoub, un infirmier qui s’occupe de votre client, Eric Picard. - Oui ? - Les choses se sont compliquées ses dernières 24 heures et une hospitalisation sous contrainte a été décidé. J’aurai des papiers à vous faire parvenir. Vous pouvez passer ? - D’habitude on me les envoie par La Poste, mais, je vais voir si je peux me libérer. - Oh, pardon, ces documents sont pour un péril imminent, il doivent être remis en mains propres. - Vous m’inquiétez. Comment va t il, hier encore, il semblait refaire surface. - Écoutez, je vous envoie une navette pour que vous preniez connaissance des documents. Vous pourrez prendre contact avec le psychiatre et la JLD si vous le voulez. - A ce point là ? - Je ne peux malheureusement rien vous dire par téléphone, vous le savez. - Bon. J’attends votre type. - Merci, M. Lacorde. - Je vous en prie. Bordel. Ce type existait vraiment. Et il était vraiment son tuteur. Quelque chose clochait. Karim eut envie d’appeler Stéphane pour savoir si Rose avait des copines dans cette partie du droit mais se ravisa. Il enclencha la première et partit à la rencontre de ce tuteur improbable.
Robin des banques - 28
L’ANTIDOTE
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