LeslocauxdusiègeduCréditPopulaireressemblaientàunetourdeverre.Situésdansle quartierdelaDéfenseàdeuxencabluresdel’Arche,ilsavaientpourvoisins,Total, EngieouencorelaSociétéGénérale.Etiln’avaitpasàrougirfaceàcesgéants.Quand Noéarrivasurleparvis,ilsesentitpetit.Vraimentpetit.Ilregardasamontreet accéléralepas,sontrainavaitprisduretardetiln’avaitpasletempsdefairele touriste,aussiseprésentatilàl’accueilgigantesqueduCréditPopulairepileà l’heure.- Bonjour monsieur, en quoi puis je vous renseigner ?- Je suis Noé Ouedraougo. J’ai rendez vous avec M. Saurier.- Un instant s‘il vous plaît.L’hôtesse pianota sur son ordinateur et revint instantanément vers Noé.- Il vous attends. 36éme étage bureau du fond.- Merci. Dites moi, où sont les ascenseurs ?- Juste derrière vous, Monsieur. Bonne journée.Bonnejournée.Toutcelaallaitdépendredel’échangequ’ilallaitavoir.Lesparolesde Rabotinrésonnaientencoredanssatête.Protégerlesystème.Nepasfairedegensquine ledevaientpasdesdécisionnaires.Ilavaittournéetretournécesproposdanssatête sanstrouverderéponses.AlorsilavaitappeléSaurierquiavaitacceptéimmédiatementde le recevoir.Surprenant.Troublant.Lui aussi répondait de toute évidence à des ordres de gens à qui il devait des comptes.La Secrétaire d’État ?Le Ministre ?Le Premier Ministre ?Quandlaportedel’ascenseurs’ouvrit,illaissasortirlesdeuxpersonnesdevantluiet n’eutaucunmalàrepérerlebureaudeSaurier.Parcequ’iln’yavaitqu’uneporteau fond.Ilfrappaetonluiditd’entrer.Unevoixféminine.Cedevaitêtresonsecrétariat.Ce qui voulait dire que son bureau devait être sacrément important.-M.Ouedraougo,j’aiprévenuleDirecteurSaurier.Ilvousreçoittoutdesuite.Vous pouvez attendre sur les fauteuils derrière vous.- Merci.Deuxminutesaprès,laporteàdroitedubureaudelasecrétaires’ouvritetSaurier sortitpourluidonnerdespapiersetdesordrespuissonvisages’illuminadesonplus beausourireetinvitaNoéàlesuivredanssonbureau.D’ailleurscen’étaispasun bureau,c’étaitunesalledevisioconférence,deréunion,uncoinrelaxationetun bureau.JulienSaurierfitsigneàNoédes’asseoirdansl’undesfauteuilsencuiretlui proposauncaféqueNoéaccepta.Lavueétaitàcouperlesouffle.Delàoùsetrouvaitce bureau on embrassait toute la mégalopole parisienne. Vertigineux.- Alors, qu’est ce qui vous arrive ?- Le livret de Développement Local.-Ilestenterréjesuisdésolé.C’étaitunproduitexcellent.Maisquifaussaitla concurrence.Jesuisdésoléquevousetvoscollèguesvousvoussoyiezdonnétantdemal pour aboutir à un échec. Mais tout n’est pas perdu.- C’est-à-dire ?-Figurezvousquej’aidiscutéavecleministredesfinancespasplustardqu’hieret qu’il trouve votre idée pertinente bien qu’elle ne soit pas réalisable.- Et ?-Etilaimeraitquenotrebanquetravaillesurunaménagementdesmodalitésde financement du Livret A.- Vous voulez dire qu’il ne finance plus uniquement les logements sociaux ?- Exactement. J’ai d’ailleurs tout de suite pensé à vous pour mener à bien ce projet.Voici la feuille de route.NoépritledossierqueluitendaitSaurieretcommençaàlelireendiagonale.Toutétait encadré. Tout semblait déjà ficelé. Déjà acté. Un alibi.Voilà ce que Noé pensa qu’il était dans cette histoire.Justeunepreuvequecelavenaitd’enbas.Deloindecestours.Deloindupouvoir.Que c’était une initiative populaire. Porté par un homme issu de l’immigration.Oui.Noé cochait toutes les cases pour servir de parfait fusible.