Karim avait pris le premier train pour Paris sans savoir où il allait atterrir. Enfin il en avait une vague idée. Quelque part entre le marché de Rungis, la Défense et le 36 quai des Orfèvres. Dans le train il ne pouvait s’empêcher de repenser à ce que lui avait dit Eric. Lacorde était un tueur. Il ne l’avait jamais vu auparavant. Sinon pour venir faire le point sur les dispositifs de sécurité du Carrefour Market. Quand Eric avait demandé s’il devait faire quelque chose on lui avait dit de s’occuper d’encaisser l’argent. Mais il avait vu sur le dos de Lacorde, en habit de travail, le sigle de PoitouDiffusion. PoitouDiffusion. Une belle bande de malfrats avec pignon sur rue. Le type de Wild Cats lui avait dit qu’il ne travaillait pas pour une agence locale même si il aurait aimé pouvoir s’intégrer. Que cachait il ? De quoi voulait il se protéger en venant à Poitiers ? Finalement l’homme des Wild Cats lui avait certifié qu’il était de Paris. Tout comme ses commanditaires ou employeurs selon son point de vue. Et qu’il s’occupait du « linge sale ». Karim n’avait pas réussi en savoir plus. Alors il avait appelé Aïsha et avait filé à la gare. Maintenant il regardait le numéro de Jean Favreau et il hésitait. Il finit par se dire qu’il ne pouvait débarquer comme ça à Rungis en demandant aux grossistes où était Francis Lacorde. Parce que la plupart devaient ignorer son existence. Et parce que ceux qui le connaissaient sentiraient venir le coup avec beaucoup trop de facilité. - Allô, Commissaire Favreau. - Jean. C’est Karim. - Karim ! Ça fait plaisir de vous entendre. Comment va Poitiers ? Et vous ? - Je suis embringué dans une drôle d’histoire. - Hum… Je vois. Qu’est ce que vous avez levé cette fois ci ? - Un type louche. Qui donne dans la sécurité rapprochée, si vous me permettez l’expression. Un homme a fini poignardé par lui avant qu’il ne stoppe ce qu’il avait entrepris. - Qu’il ne stoppe ce qu’il avait entrepris ? Soyez plus clair. Cette ligne est sécurisée. - Le type s’appelle Francis Lacorde, il travaille pour la filiale de PoitouDiffusion selon toute vraisemblance et a kidnappé Rose, la copine de Stef, et Noé avant de les laisser partir sans que l’on ne puisse savoir pourquoi sinon que le chef de Noé a accepté de stopper la mise en place d’un produit financier qu’il avait créé. - Vous voila dans les hautes sphères, on dirait. - Je sais pas où frapper , Jean. J ‘suis paumé. Et seul. - Vous arrivez quand à Montparnasse ? - Dans un petit quart d’heure. - Ce sera suffisant. Gardez votre portable en main Karim. Karim en fut réduit à regarder les minutes s’égrener sur son portable dans l’attente que l’entrée d’un appel arrive. C’était peine perdue. Il débarqua sur le quai 18 de la gare de Montparnasse sans que Jean Favreau ne l’ait rappelé. Il se demanda s’il devait attendre avant de se dire que c’était une mauvaise idée. Il était peut être sous surveillance. Surtout s’il était dans le viseur des « hautes sphères ». Il se décida à rejoindre le centre de Paris là où il s’imaginait Favreau travailler. Quand il sortit de la bouche de métro, les hommes armés étaient aussi nombreux que les passants. Ce n’était peut-être pas une bonne idée. Oui. - Karim ? - Oui, Jean. - Rendez vous au 36, avec l’inspecteur Poirier dans 30 minutes. Soyez à l’heure.