• Monsieur ? Un client particulier souhaite vous voir. • Particulier ? • Il a une grosse liasse de billet. • Ah. Faites le entrer. Le type devait avoir à peine la majorité. Il était grand. Aussi grand que Noé. Mais beaucoup moins large. Dans ses mains gantées, une liasse de billets de 100€. Il portait des lunettes noires et une casquette avec son survêtement Nike et ses air max. Il devait essayer de passer incognito. Les gants avaient fait tiquer Noé avant même qu'il ne s'assoit. Bordel. Ce n'est pas possible. Noé essaya de ne pas montrer son trouble et prit sa voix la plus commerciale et avenante possible tout en regardant par réflexe s'il pouvait atteindre le bouton d'alarme. • Que puis je pour vous ? • Je souhaite ouvrir un compte et faire un dépôt. • Bien, il me faut votre avis d'imposition ou, un bulletin de situation d'imposition un justificatif de domicile et votre carte d'identité • Genre c'est pas possible de l'ouvrir comme ça ? • Non, Monsieur. Si vous voulez ouvrir un compte « comme ça » nous ne sommes pas la bonne banque. D'ailleurs il n'existe aucune banque française qui le fera si cela peut vous éviter de perdre du temps. En disant cela, Noé espérait bien que cela le ferait décamper. Il revoyait la torche humaine presqu'à chaque fois qu'il le regardait. Et il était bien obligé de le regarder. Pendant un instant, il crut que cela avait marché. Mais le type ne faisait que ranger ses billets pour sortir son portefeuille. • Vous savez sur internet, vous pouvez facilement ouvrir un compte et déposer des liquidités via Wes... • Vous voulez pas de mon argent, c'est ça ? C'est pas de l'argent sale, j'vous jure. J'serais pas là sinon. C'est juste que je veux pas d'impôt ou de taxe, l'Etat me pompe l'air assez si vous voyez c'que j'veux dire. Noé leva les mains en signe d'apaisement et eut un rire qui sonnait faux. Puis le type fit tomber ses lunettes. 18 ans. A peine. Putain. Un gosse. Il tendit à Noé son justificatif de domicile et sa carte d'identité. Quand Noé les mit dans sa copieuse, le type lui saisit brutalement le bras. Noé eut une sueur froide immédiatement, il retira son bras mais laissa la carte d’identité. Il allait devoir tout expliquer. • Ecoutez je suis pas la police. Si je fais une copie de ces deux documents c'est juste pour les transmettre au service de la Banque de France pas à Interpol, alors détendez vous un tout petit peu et tout ira bien. Moi non plus je ne suis pas un voleur. • Ok, ok. Pardon. Cinq minutes passèrent dans un silence de plomb. Noé sentait son client scruter chacun de ses gestes mais connaissait suffisamment ce qu'il avait à faire pour ne pas être déstabilisé puis vint le moment de signer les documents. Saïd Jerfaoui, c'état son nom, chômeur de 19 ans, dut enlever ses gants A ce moment là, le doute n'était plus permis.