Un voie pour des voix - 8
L’ANTIDOTE
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Le type était un livreur de pizza inconnu des services de police qui étudiait le droit à l’université de Poitiers. Un type sans histoire en somme. Quant à celui qui l’avait renversé, il était parti sans laisser d’adresse. Voilà ce que la Nouvelle Presse avait appris à Karim. Rien de bien intéressant. Alors avant de prendre son service cet après midi, il était passé par la morgue, histoire de savoir si il ne pourrait pas gratter quelque chose. Thibaut, sa houpette toujours bien en place, l’accueillit avec un grand sourire. - T’es venu seul ? - Oui, c’est toi que je viens voir. - Qu’est ce que je peux faire pour toi. Attends… Laisse moi deviner Tu veux des mentonnières. - Non, je voulais savoir ce qui est arrivé au cycliste. - Ah. Tu sais que j’ai pas le droit de parler de mon travail lorsqu’il est l’objet d’une procédure de justice. - Je sais. Et je sais que tu sais que je ne le raconterais pas. - D’accord, d’accord. Allons nous asseoir. Thibaut entraîna Karim vers la salle d’autopsie. L’odeur des corps qui, malgré le froid, se décomposait déjà le mit mal à l’aise. Ils s’assirent sur les tabourets des médecins puis Thibaut resserra sa houppette avant de se lancer. - Le type était déjà mort en arrivant. Une bouillie de chaire et d’os. - La cause ? - Une voiture l’a percuté de plein fouet. Et il ne roulait pas à 50. - Je vois. Pourquoi c’est le commissaire qui s’est déplacé ? - Comment tu sais ça ? - Je l’ai croisé quand il remontait de chez toi. C’est un assassinat, c’est ça ? - Ca, faudra que tu lui demandes. Tout ce que je peux dire c’est qu’il n’avait aucune chance de survivre, alors… - OK. T’as un dossier ? - Oh là, tu m’en demandes trop. - Ok, ok. Merci Thib’. - De rien patron. Bon courage. - A toi aussi. Karim fit le chemin inverse jusqu’au palier du second sous sol seul. Un assassinat. Bordel. Qui pouvait en vouloir à un livreur de pizza ? - Stéf ? - Salut K. - Est ce que je peux passer te voir ce soir ? - Bien sûr. J’ai acheté du rhum. - Stef… - Et du coca. - Bien. A ce soir. Si ce type ne livrait que des pizzas, il n’aurait pas été tué aussi sauvagement. Ce qui voulait dire qu’il devait vendre autre chose. Autre chose d’illégal. Un règlement de comptes ? Ca y sentait. Et il avait besoin du savoir de Stéphane pour mettre des mots sur ce trafic et essayer de comprendre pourquoi cet homme était mort. - Wow ! Au boulot, Jaïsh, vous êtes pas payé pour faire le touriste. Vous ne le connaissez pas assez cet hôpital ? C’était bien sa chance. Tomber sur sa cadre supérieur à côté de la morgue. Il baissa la tête et chassa ses pensées pour se concentrer sur ce qui l’attendait.
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