Sarah Azuelo avait des yeux d'un noir absolu. Son visage était ovale et parfaitement proportionné. Sa peau mat paraissait presque limpide en contraste avec ses lèvres presque noires. Ses cheveux étaient tels ses yeux, noirs, et tombaient, mi long et noirs, de chaque côté de son visage. Karim n'avait pas tenté de rester plus longtemps à admirer sa plastique. Alors qu'il s'apprêtait à faire son travail en cette fin de mâtinée, il la dévisagea juste assez pour qu'elle sente son regard au moment il s'annonçait. Elle lui adressa un sourire qui fit vibrer chaque fibre de Karim. C'est baissant les yeux qu'il lui adressa un bonjour presque étouffé et annonça la raison de sa présence. Elle s’éclipsa alors de la pièce, seulement suivi par le bruit de ses ballerines sur le revêtement de la chambre de son père. Une fois seul avec lui, Karim leva la tête et vit un interne venir directement lui faire la conversation. Elle sourit. Sans doute à une de ses blagues. De la voir ainsi le ramena sur terre. Ce genre de femme avaient certes un cœur tendre mais en général une haute opinion d'elles-mêmes. Karim savait aussi qu'elles pouvaient se révéler aussi cruelles que leurs traits se révélaient parfait. Il constata que son père portait peu de chose de sa beauté. Son visage, bien que maintenant émacié et ridé, était marqué par une mâchoire carré et d'épais sourcils que l'âge avaient rendus plus que broussailleux. Seul lui avait il transmis la couleur de son teint et une espèce de force charismatique. Une sorte de capacité à aimanter le regard. Ce qui les rendait l'un comme l'autre paradoxalement inaccessible. Karim soupira face à ces faits, secoua la tête puis bailla presque en relevant les données produites par les trois scopes qui le surveillait. Il entreprit ensuite d'effectuer les soins dont il avait la charge. A l’extérieur il entendit un rire féminin. Comme à son habitude, bien que l'homme n'ait pas communiqué depuis 48 heures, alternant de brèves phases d'éveil et de longues périodes de sommeil, il lui prit le bras et l'informa de ce qu'il allait faire. Guillermo râla légèrement et tourna la tête à l'opposé de Karim. C'est au moment de quitter le box qu'il vit le visage de sa fille en entier. Le profil qu'elle lui avait donné à contempler semblait s'être battu avec l'autre. En plus des hématomes qu'il avait aidé à résorber lors de sa dernière visite, des écorchures à la pointe du menton et sur une bonne partie de sa joue droite étaient apparues. Il ne put y voir autre chose qu'une chute ou un impact violent sur un mur ou un sol abrasif. Il n'entendit pas ses premières paroles et dut faire un effort pour ne pas la harceler de questions. Si cela était ce qu'il pensait, mieux valait instaurer un rapport de confiance avec elle. Il avait déjà du faire face à des victimes de violences et il savait à quel point celles ci pouvaient s'enfoncer dès que ceux qui leur voulaient du bien remuait trop frontalement leur douleur. Et quand elle répéta sa question, il se contenta d'y répondre. - Non, il ne souffre pas. Mais cela reste difficile à évaluer. Ses phases d'éveil sont de plus en plus espacés. - Merci. - De rien. - Je voulais dire pour la glace. J'en ai remis et ça m'a soulagé. - Pourtant, j'ai l'impression que cela à recommencé. - Oh. Les égratignures ? Ce n'est rien. Disons que mon métier n'est pas de tout repos et laisse souvent des traces. - Ce doit être un métier dangereux. - Vous n'avez pas idée. Presqu'autant que le vôtre.
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L’ANTIDOTE
La gueule du loup
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