Stéphane venait de s'endormir lorsque Karim rejoignit Noé dans le box qu'il occupait dans l'unité de soins continus de l'hôpital. La nuit commençait maintenant à tomber et la pluie fonçait encore plus rapidement l'air extérieur. Stéphane avait été opéré en urgences, et la balle logée dans son mollet droit avait été extraite sans difficulté. Le reste demanderait davantage de temps à se résorber bien que la nature des plaies restât superficielle. Son visage, maintenant au repos et détendue par un puissant calmant n'était encore qu'une énorme boursouflure. En voyant Karim, Noë se leva et lui donna l'accolade avant de lui déplier une chaise rangée dans le placard de la chambre. Karim refusa d'un geste. Sa nervosité semblait presque irradier et le stress qu'il ressentait ne semblait jamais vouloir le quitter. Il prit la parole. - Je ne reste pas. Je dois aller voir Sarah Azuelo. Je venais juste t'annoncer que Virandier a été débranché. C'est fini pour lui. - Oh. - Comment va Stef ? - L'opération s'est bien passée. Il devrait sortir sous 48 heures m'a dit le chirurgien qui l'a opéré. - Bonne nouvelle. - Je peux te poser une question ? - Bien sûr. - Comment as tu connu Azuelo ? - Son père est mort sous mes yeux. - Merde. - Ouais, comme tu dit. Mais vous, cette histoire, c'est quoi ? Et Bouchet ? C'est un pourri ? - Tu n'as même pas idée. Je me suis retrouvé à bosser pour lui apparemment pour suivre des fonds annonçant une transaction liée à un échange de stupéfiants. C'était en fait une manière de m'attirer et d'attirer Stéphane dans un piège. Les flics de Paris, enfin l'IGS, allaient le serrer et il le savait. Il a voulu plier son business, et s'enfuir en faisant porter le chapeau à Stéphane. Après nos derniers exploits, Stéphane était un client tout trouvé pour masquer ses exactions. - OK. Mais quel rapport avec Sarah ? Avec Virandier ? - Virandier était son bras droit. Son homme de main. Et accessoirement son fils. Quand à Azuelo, juste une victime collatérale. - Il la battait. - Je suis désolé de l'apprendre. Noë avait le regard las et semblait sincèrement peiné d'apprendre cet autre pan de leurs mésaventures. Karim lui posa la main sur l'épaule et vint finalement s’asseoir sur la chaise qu'il avait déplié pour lui. Il restèrent un long moment sans parler. Leur respiration était quasiment synchrones et seuls les bips des scopes perturbaient le silence de la pièce. Leur yeux fixés sur lui, Stéphane dormait maintenant profondément. Sa respiration restait tout de même laborieuse. Les sédatifs l'empêchaient néanmoins d'en pâtir. Devant ce tableau, Noë ne put s'empêcher de reprendre la parole, autant pour lui même que pour Karim. - Tu crois qu'il aura compris ? - Il va falloir lui expliquer si ce n'est pas le cas. J'en ai ras le bol de ces conneries. - Moi aussi. Tu peux pas savoir à quel point. Tous les deux se renversèrent dans leur chaise. Karim pianota rapidement quelque message sur son téléphone avant de l'éteindre et ramena deux couvertures. Il en tendit une à Noé et garda l'autre pour lui. Comme Karim, Noé étendit aussi ses pieds et deux minutes plus tard, tous deux dormaient. Quand l'infirmière vint pour relever les mesures des paramètres vitaux de Stéphane, il ne la remarquèrent même pas, prisonnier de leur propre harassement. Quant à elle, elle éconduisit les agents Kervisian et Delabre qui attendaient pour entrer dans la chambre. Après tout, le monde pouvait bien attendre pour ces trois pensa t elle.
EPILOGUE
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L’ANTIDOTE
La gueule du loup
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