Les automobilistes avaient brusquement ralenti au niveau des bâtiments du Centre National de la Fonction Publique Territoriale, créant ce qui ressemblait à un accordéon dans le sens Porte de Paris-Gare. Alors que les voitures s'étaient immobilisées, les premières sirènes se firent entendre et les ambulances du SMUR, de la police et des sapeurs pompiers remontèrent l'attroupement sur la file de gauche. Sur le trottoir d'en face, des gens hâtaient le pas et un regroupement s'agrandissait au fil des secondes juste à la verticale du viaduc Léon Blum. Dans les voitures on s'interrogeait. Poitiers venait elle d'être victime d'une attaque terroriste ? La plupart se penchaient en avant pour savoir si le viaduc tout neuf n'étaient pas déjà cassé. Quand la plupart constatèrent que le béton était toujours constitué d'un seul bloc, leur curiosité s'estompa et le trafic reprit. Tout juste jetèrent ils un coup d’œil au suicidé lorsqu’ils arrivèrent à la hauteur de son plongeon. Stéphane Peyroux regardait le trafic reprendre en veillant à ce que son audi ne soit pas éraflée par les conducteurs distraits par le spectacle. Son téléphone à la main, il regardait impuissant la machine du SMUR bourdonner autour de la victime. Le temps ne passait pas plus vite qu'à la normal mais tout semblait discordant. L'activité et la vitesse des gestes des réanimateurs contrastait avec l'absence de changement dans l'état, la position et le corps de la victime. Elle était telle que Stéphane l'avait découverte. Les bras étendus au dessus de sa tête, l'avant bras droit rompu en son centre, le sang de l'artère radiale à peine contenu. Le visage était en charpie, des bris de vers étaient enfoncés dans les joues. Mais le cœur continuait de battre, les poumons d'oxygéner le sang qui fuyait toujours ce corps meurtri. L'effervescence prit une ampleur supplémentaire lorsque les forces de police vinrent placer un cordon autour du crash. Les riverains furent priés manu militari de s'écarter. Stéphane, encerclé par les services de santé, de secours et de police attendit que la victime fut stabilisée et vit l'ambulance commencer son périple jusqu'à l’hôpital de la Milétrie en roulant au pas toutes sirènes hurlantes. Une voiture banalisée, une 206, vint se stationner à côté de son Audi. Des inspecteurs en civil sortirent, leur brassard rouge fluo flanqué d'un police au bras droit. Il ne prêtèrent pas attention à Stéphane et commencèrent à mitrailler dans tous les sens le lieu de l'impact. La voiture, une golf à priori, n'avait plus de pare-brise et la carrosserie était abîmée jusqu'à avoir modifiée la structure générale de la voiture. En voyant les inspecteurs commencer à poser des questions aux gens alentour, Stéphane comprit que son temps à cet endroit venait de s'écouler. Il commença discrètement à se reculer puis passa distraitement sous le ruban de police pour s'écarter encore davantage du chaos organisé qu'il avait fait venir. Quand la police commença à le chercher, il était de l'autre côté de la gare. Il regarda sa montre et constata que plus d'une heure s'était écoulée depuis qu'il avait prévenu les services de secours. Il vissa l'oreillette blue tooth à sa droite et composa le numéro de Big O. Big O décrocha au bout de la seconde sonnerie et l'apostropha vertement. Il était en retard de plus d'une heure. Stéphane ne prit pas le temps de lui expliquer les raisons de ce retard et lui demanda de l'attendre. Il serait dans une dizaine de minutes. Big O grogna dans le combiné et acquiesça avant de raccrocher. Stéphane libéra son oreille et passa la seconde en accélérant d'une traite poussant les 200 chevaux de sa voiture à leur pleine expression. Quand il arriva au complexe commercial des Portes Sud, moins de 5 minutes s'étaient écoulées. Au moment de se garer devant les bureaux de l'Office Notarial 21, il avait complètement dégagé son esprit de l'horreur qu'il avait dû voir il y a à peine quelques minutes.
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