Jocelyne était décédée 72 heures après son arrivée dans le service. A 7h30, les scopes avaient signalé un arrêt cardio respiratoire. Après avoir relancé son cœur, et son transfert au bloc pour resuturer l'artère radiale, elle était revenue difficilement stabilisé dans le box 6. L'hémorragie avait cependant été trop rapide et trop massive pour qu'il puisse être tenté quoi que ce soit lorsque son cœur lâcha de nouveau. Le médecin avait finalement constaté le décès à 10h22. Les formalités administratives furent remplies et l'infirmière donna le feu vert pour préparer Jocelyne vers 11h30. Karim fut prêt à descendre le corps à temps. Une fois hors du box, l'infirmière lui tendit le certificat de décès de Jocelyne, le bracelet d'identification et lui donna le pass pour se rendre à la morgue. Elle lui ordonna de prévenir la famille. Quand Karim lui fit remarquer qu'elle n'avait pas d'autre famille que ses deux filles, elle lui dit de se démerder pour que quelqu'un de majeur vienne l'identifier et gérer sa prise en charge. Elle riait déjà avec un interne quand elle lui montra le dossier administratif. A l'intérieur il trouva le numéro d'un cousin germain habitant à Civray qui hébergeait les filles de Jocelyne. Il se souvenait que l'enquêteur qu'il avait contacté lui avait dit que ce cousin avait être forcé de recueillir ces enfants. Il douta en composant son numéro qu'il prit le temps de quitter ses occupations pour venir voir une cousine qu'il n'avait sans doute jamais fréquenté. Il laissa quand même un message sur son téléphone portable et décida de lui laisser un peu de temps. Il jeta pendant ce temps un dernier regard sur le rapport d'enquête et se remémora, quand il relut le procès verbal de la police, ce que le policier lui avait expliqué. Son mari parti, elle avait rencontré quelqu'un qui l'avait d'abord séduite puis aidé à reprendre le dessus. A l'aise financièrement, il avait payé les frais de ses filles et l'équivalent de la pension alimentaire que son mari lui refusait. Elle était amoureuse. Mais de toute évidence elle n'avait pas tourné la page de sa vie de couple précédente. C'était pour la police l'explication la plus rationnelle du geste désespéré de Jocelyne et du mot qu'elle avait laissé. Quand le policier était venu le chercher il avait montré son impuissance à établir une logique plus factuelle tant cette femme s'était petit à petit exclue, sombrant dans la dépression, du jour il fut question de vendre sa maison et de refaire réellement sa vie avec ce nouvel homme. Il leur avait même été impossible de trouver des témoins de sa déchéance et lorsqu’il avait rencontré son nouveau compagnon l'hébétude qu'il avait montré avait suffi aux enquêteurs pour comprendre qu'il n'avait rien vu et surtout ne pourrait pas plus qu'eux leur expliquer le geste et le mot de Jocelyne. Quand vint le moment de descendre le corps de Jocelyne à la morgue, il appela une collègue et ils effectuèrent le transfert. Le corps déposé et alors que sa collègue appelait l’ascenseur qui les ramènerait dans leur service, Karim ne put se résoudre à laisser Jocelyne comme cela. Il laissa sa collègue remonter seule et retourna à la morgue il appela le policier qui était venu 48 heures plus tôt. Après qu'il lui eut expliqué la raison de son appel, il obtint le numéro du dernier compagnon de Jocelyne. Assis dans la salle de repos de la morgue, il composa le numéro que lui avait donné le policier. A la seconde sonnerie, il entendit une voix massive et rauque articuler un allô endormi. Karim prit le temps de se présenter et d'expliquer sa requête. Après quelques secondes de silence et un reniflement sourd, l'homme accepta et lui assura qu'il viendrait d'ici moins d'une heure avant de raccrocher. Karim prit ensuite le temps d'aller prévenir ses collègues que le dernier compagnon de la défunte, Honoré Diakhité, viendrait dans moins d'une heure identifier la défunte et prendre ses effets personnels.
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