Unefoisqu'ilsefutassuréqueCandiceJommensoitensécurité, Karimquittasonappartementetallajusqu'aucentreville,fautede vraimentsavoiroùildevaitserendre.Ilnepoussaguèreplusloin quelaPlaceLeclercettrouvarefugeaubar« LaSerrurerie ».Assis enterrasse,lespremiersrayonsdesoleilprintaniersdardaient,à traverslejourfinissant,leursderniersphotonscommeautantde preuves que le temps changeait.IlcommandaunCocaenbouteilleetpayadèsquelaserveuselelui apporta.Ilregardaquelquestempsleva-et-vientdespictavesdansla petiteruequireliaitlaplaceLeclercaucentredesCordelierspuis sedécidaàappelerNoé.Tombantdirectementsursonrépondeur,ilse ditqu'ildevaitencoreêtreenréunion.Illuilaissaunmessageoù illuidemandaitdelerappeleraussivitequepossiblecaril disposait de nouveaux éléments concernant le sort de Stéphane. Quandileutterminésoncoca,ilétaitpratiquement18heures.Etil auraitétéraisonnablequ'ilrentrechezluiprendredureposavant son service du lendemain.Cependant,commeilnevoyaitfinalementriend'autreàfaireet surtoutqu'ilneconnaissaitquetropbienlesmursdesonappartement vide,ilpritladirectiondeVivonneaumomentmêmeoù,surlarocade intérieure, il aurait dû obliquer vers son domicile.Alorsquelanationale10l’entraînaitàplusde110km/hversla maisond'arrêtdeVivonne,ilrepensaitàladernièrephrasequelui avaitditeCandice.« Ilyadesendroitsquivousserontàjamais inatteignables,monsieurl'aidesoignant. »Letonaigreetrésignéde CandiceJommencamouflaitencoredifficilementl'arrogancedesgens biennés.Nulendroitnepouvaitéchapperàceuxquiavaittellement depouvoirqu'illeurétaitfaciledefairedeleurssemblablesdes sujets.Decela,iln'avaitpasattendudel'entendredelabouche d'une fille à papa pour le savoir.Quandongranditdansunquartierpopulaire,ilestviteévidentque ceuxquigouvernentnesontpasceuxquifont.Pourcelailsontleurs hommes.Ainsidesguetteurspourlesdealersinvisibles.Commedes poseurs d'affiches pour les politiciens.Ceux qui décident sont rarement ceux qui commettent.Alorsqu'iltraversaitlebourgdeChaunay,Karimétaitsûrque l'hommequiavaitvoulutuerJérômeClairvoien'étaitautreque FrançoisHerbelinenpersonne.Commeilétaitsûrqu'ilneluiavait paslui-mêmeadministréladoselétaldemorphine.L'espaced'un instantilsedemandasiStéphanepourraitleurapporterlelienqui leur manquait.Al'attentesemêlaunmauvaispressentimentquantàStéphane,la phrase assassine de Candice Jommen tournant en boucle dans sa tête.Ilenclenchal'appeldesonsmartphoneettombaunenouvellefoissur lamessageriedeNoé.Ilnepritpasletempsdelaisserunmessageet composadanslafouléelenumérodelaprison.Leveilleurdegarde luidemandadepatienterquandilluidemandadesnouvellesde Stéphane.Ileutpresqueletempsdegarersacliosurlaparkingvisiteur lorsqu'ilentenditlavoixdugardetransformersessoupçonsen réalité.Ilnepritpaslapeinederépondrequoiquecesoitaugarde etcourutjusqu'àl'entréedesvisiteursoùlegardeluiouvrit, surpris de le voir. Karimdutargumenterunlongmomentavantdefranchirlesmursépais de la prison jusqu'à son infirmerie.Dansunesallecontenantunedizainedelitsséparéspardesparavents gris,ilentenditlebruitfamilierdespersonnesensouffranceet l'infirmierluipointadudoigtlelitoùsetrouvaitStéphane.Ils'y précipitaettrouvaStéphanelespoignetsrecouvertsd'épaisbandages immaculés,leteintblafardetleregardterrorisé.Quandille reconnut,iltentadeserelevermaislesforcesluimanquaient.Ilne putquegrimaceravantdeselaisserretomber.Karims'approchadelui et n'y alla pas par quatre chemins.- Qui t'as fait ça Stéf ? Qui a voulu te tuer ?-Jesuisinnocent,monfrère,innocent,quoiqu'ilsfassent,quoi qu'ils disent, je suis innocent, tu le sais ?- Oui, je le sais et je veux que tu me dises qui t'a fait ça à toi ?- Tu entends ?Karimregardasonamisefigerdansuneexpressiondigned'untableau deMunchettenditluiaussil'oreillesansrientrouverde particulierauxcrisetauxplaintesquil'environnait,.Ilposale brassurceluidesonamimaiscelan’entraînaaucuneréaction.Il étaitenétatdechoc.Comprenantqu'ilnepourraitriendemanderde plusàStéphane,ilsedirigeaverslelocaldesinfirmierset attenditquel’infirmierenfactionfinissederemplirsespiluliers avant d'entrer.- Bonsoir, je suis un ami de Stéphane , qu'est ce qui s'est passé ?-Bonjour,çajenepeuxpasvousledire.Faudravoiravecla direction.- C'est un ami. Un ami proche. La famille.- Bougez pas. Je finis.L'infirmierrangeasespiluliersdanssonchariotetdépliaunechaise avantdelatendreàKarimquis'assitalorsqu'ilcommençaitàlui expliquer la situation exact de Stéphane.- Il a avoué. On a retrouvé une lettre d'aveu où il explique tout.- Impossible.- On dirait qu'il a mal tourné ton pote. - C'est quoi ces bandages ?-Tentativedesuicide.Ilapresquefailliyarriver.C'estlematon desrepasquilesatrouvétouslesdeuxbaignantdansleursang.Une vrai piscine d'hémoglobine- Tous les deux ?-Ouais,d'aprèscequ'onacompris,aumomentoùsoncoloc'est revenudesapromenadeill'attendaitavecunpoinçonqu'ilavaitfait avecsesputainsdelitsenmétal.Illuiatrouél'estomacetperforé un poumon. Et ensuite, il a dû s'ouvrir les veines.- J'arrive pas à y croire...-Tusais,laprison,certainsysontcommedespoissonsdansl'eau, d'autres comme des poissons hors de l'eau. Ton pote...L’infirmiers'interrompitbrusquement,auxaguets.Bienqu'iltendit luiaussil'oreille,Karimneremarquariendeparticulier.Apeine eutilletempsderevenirverssoninterlocuteur,queceluiciallait en courant vers le lit de Stéphane. LetempsqueKarimluiemboîtelepas,uncoupdefeuvrilla l'atmosphère.