Karim n'avait pas revu Sarah Azuelo depuis qu'il l'avait accompagné à la sortie de l'hopital quelques semaines plus tôt. Il avait depuis souvent pensé à elle sans jamais réussir à reprendre contact. Sa timidité sans doute. Ou tout simplement le sentiment que cela serait déplacé. Il avait su qu'elle était maintenant assistante sociale au Relais George Charbonnier , un centre de premiers secours et d'aide situé dans le quartier de la Gare. Cette armée du Salut était bien souvent la seule adresse ceux qui vivaient dans la rue venaient rappeler aux autres qu'ils n'étaient pas morts. L'homme qui avait été passé à tabac par les anciennes connaissances de Stéphane y avait sa boite aux lettres. Comme il avait oublié son porte feuille, Karim en franchit l'entrée avec l'espoir de revoir Sarah. Le relais ressemblait à une infirmerie de collège en plus grand. Quelques brancards, un coin bourré de documents sur les conduites à risques et les dangers de la toxicomanie, des rapports sexuels non protégés et tant d'autres fléaux auxquels ces hommes et femmes dont il croisait le regard si souvent étaient les premières victimes. Il traversa la salle et alla au comptoir situé au fond. Personne ne s'y trouvait, il vit une sonnette et l'activa puis attendit que l'on vienne. En regardant dans le porte feuille qui l'amenait, il relut le nom de son propriétaire sur son titre de séjour. Il vit qu'il se terminait dans une semaine et se demanda s'il allait entrer dans la clandestinité ou si il devrait retourner vers ce qu'il avait quitté. Vu l'atmosphère du pays, il ne doutait pas que l'on ne lui laisserait guère le choix. Un goût amer remonta jusqu'à sa gorge. Et tout ce qu'il réussissait à faire c'était plaindre ce petit pays qui était le sien. Sarah le sortit de ces rêves brisés. - Salut Karim. Qu'est ce qui t'amènes ? - Salut Sarah. Ca va ? - Oui ça va. Comme tu le vois, je suis occupé. Qu'est ce qui t'amènes ? - C'est un des patients que nous avons soigné hier. Il a oublié ce porte feuille. Karim tendit le porte feuille fripé à Sarah qui ne lui adressa même pas un regard avant de chercher le nom de son propriétaire. Karim la trouvait nerveuse. Et soucieuse. Quelque chose ne semblait pas aller. Ses traits étaient plus marqués que dans son souvenir, comme si le temps avait compté double pour elle. Ce qui ne l'empêchait pas de la trouver magnifique, peut être même plus que ce qu'il s'était souvenu. Il dut d'ailleurs lui demander de répéter ce qu'elle lui dit quand elle plongea son regard dans le sien. - Je te disais que Bojan n'est plus venu au relais depuis au moins un mois. Si tu ne l'avais pas vu hier, on aurait pu penser qu'il avait disparu. - C'est comme ça que vous dites pour clandestin. - Non. C'est comme ça que l'on dit quand une personne avec qui on travaille pour l'aider à s'insérer disparaît sans donner de nouvelles alors que l'on allait pouvoir lui donner une carte de résident. Devant cette mise au point, Karim leva les mains en signe d'apaisement. Décidément, il ne connaissait pas Sarah Azuelo comme il aurait aimé le croire. Elle dut sentir son trouble, car, quand elle reprit la parole, sa voix était aussi douce qu'il s'en souvenait. - Désolé. On est sur des charbons ardent depuis quelques jours. On a perdu de vu le tiers de nos gens. - Le tiers ? - Oui, toute une partie des hommes et quelques femmes ont disparus. Personne n'arrive à leur mettre la main de dessus. - Je comprend. Vous êtes sur le qui vive. Ce que je peux te dire c'est que Bojan a des problèmes. Des problèmes de gangs et de drogue de toute évidence. Ils ont failli se battre dans le hall des urgences pour lui faire la peau. - Merde. Je croyais qu'ils avaient trouvé du travail. C'était la rumeur qui circulait. - Peut être était il tout simplement au mauvais endroit au mauvais moment alors Peut-être. - Je te laisse, ne t'en fais pas trop pour eux. Ce sont de grands garçons. - Attends. Tu savais que Bouchet avait été libéré ?
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L’ANTIDOTE
Le sang des damnés
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