Stéphane
n'avait
pas
eu
le
temps
de
se
poser
une
quelconque
question
sur
la
fuite
de
son
ami.
A
peine
avait
il
tourné
les
talons,
le
laissant
seul
avec
ces
chaussures
et
ses
maillots
qu'un
homme
d'une
trentaine
d'années,
robuste
et
trapu
avait
franchi
le
pas
de
sa
boutique.
Il
portait
une
casquette
américaine
avec
un
gros
chat
brodé
dont
les
babines
retroussés
étaient
sans
équivoque
quant
à
la
nature
exacte
du
tempérament
que
l'on
pouvait
attendre
de
son
porteur.
L'homme,
à
peine
plus
grand
que
Stéphane,
se
dirigea
vers
lui
et
entreprit d'entamer un dialogue.
Il
avait
un
tel
accent
slave
que
Stéphane
l'interrompit
presque
aussitôt
et
lui
indiqua
d'un
geste
las
l'arrière
boutique.
Il
y
alla
en
le
remerciant
avant
d'ouvrir
la
valise
sous
ses
yeux
et
d'en
sortir
un
talkie
walkie,
un
cellulaire
et
une
matraque
en
acier
trempée
qu'il
fixa
à
sa
hanche
gauche.
L'homme
réajusta
sa
casquette
et
sa
chemisette
brune
tendit
l'autre
talkie
à
Stéphane
en
marmonnant
quelque
chose
qui
ressemblait
à
un
« communication »
puis
alla
se
poster
devant
l'entrée
du
magasin.
Stéphane
l'oublia
presque
aussi
vite
qu'il
l'avait
remarqué.
Il
recommença
à
empiler
les
chaussures
sur les promontoires.
L'homme
au
chat
finit
par
chasser
ses
derniers
doutes.
Il
était
ce
qu'il
montrait.
Un
agent
de
sécurité.
Et
il
se
mit
à
penser
qu'au
fond
il avait peut être enfin trouver la bonne sortie.
Plus
de
deal,
et
des
affaires
clean.
Un
business
avec
le
soutien
de
puissants
alliés,
professionnels
et
compétents.
Et
l'assurance
de
rester
maître
de
son
destin.
Après
tout
le
Père
Noël
existait
peut
être.
Quand
il
eut
fini
de
ranger
ses
affaires,
l'homme
n'avait
pas
bougé.
Il
l'avait
vu
passer
un
coup
de
fil
mais
n'avait
pas
compris
un
traître
mot.
De
toute
façon,
il
était
concentré
sur
les
chiffres
qu'il
allait
devoir
faire
dès
le
lendemain.
Les
tracts
avaient
été
distribués
ce
matin,
la
Poste
venait
de
lui
confirmer
et
normalement
les
premiers
clients
devraient
être
là
de
bonne
heure
pour
acheter
les
dernière sorties de la gamme Black History Month.
Coincé
dans
sa
bulle
de
chiffres
et
de
prévisions
il
ne
vit
pas
le
type
venir
le
saluer
et
quand
il
leva
la
tête
de
derrière
son
comptoir,
il
constata
que
la
galerie
était
maintenant
plongée
dans
le
noir.
Une
monobrosse
se
faisait
entendre
au
loin
astiquant
le
sol
de
la
galerie
marchande.
Il
s'étira
les
bras,
se
leva
et
vint
se
poster
sur
le
pas
de
sa
boutique.
C'était
la
dernière
allée,
toutes
les
autres
étaient
maintenant
plongées
dans
l’obscurité.
En
bon
responsable,
il
alla
couper
l'électricité
et
décida
que
tout
était
fin
prêt
pour
demain.
Il
consulta
ses
messages,
vit
que
Karim
avait
tenté
de
l'appeler,
consulta
l'heure
et
décida
qu'il
était
trop
tard
pour
le
rappeler.
Il
mit
son
blouson
et
se
dirigea
vers
les
toilettes
avant
de
descendre
le
rideau
de
son
magasin
et
de
prendre
un
peu
de
repos
avant
demain.
Alors
qu'il
s'essuyait
les
mains,
il
lui
sembla
percevoir
des
voix
chuchoter
juste
à
quelques
mètres
de
lui.
Il
arrêta
net
tout
mouvement
et
tendit
l'oreille.
Bien
qu'étouffé
par
la
porte
qui
les
séparait,
il
réussit à entendre ce qui se disait.
- Il a dit que c'était lesquels déjà ?
- Les 4 .
- Ouais mais lesquels ?
- Celles de demain.
- Putain j'en prendrais bien une paire.
-
T'auras
tout
ce
qu'il
te
faut
pour
te
payer
la
série
dem...
Attends...T'as entendu ?
- Non.
- Je crois qu'il y a quelqu'un.
-
Arrête
ta
parano.
Ils
ont
dit
qu'il
était
parti.
C'est
la
femme
de
ménage pauv'con
Quand
Stéphane
sortit
des
toilettes,
ils
n'étaient
plus
là.
Il
se
dirigea
vers
les
boites
siglés
Jordan
BHM
et
ouvrit
la
première
qu'il
vit.
Au
fond,
sous
les
chaussures,
se
trouvait
des
petites
barrettes
soigneusement
emballés
dans
du
papier
alu
et
coincées
par
dix
dans
une
sac
de
congélations.
Il
comprit
alors
que
le
Père
Noël
était
bel
et
bien une ordure.
9
L’ANTIDOTE
Le sang des damnés
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ALC Prods
